Le chrétien est un homme, une femme de Pâques. Bientôt nous allons célébrer la résurrection du Christ. Jésus est vivant. Ainsi, il est avec et à côté de chacun de nous. C’est pourquoi tout chrétien devrait être un homme, une femme de prière. Quel que soit le groupe paroissial, le mouvement ou la congrégation dans laquelle l’on se trouve, quelle que soit sa position dans l’Église, nous avons tous le devoir de prier. Tous les saints ont été des hommes et des femmes de prière. Jésus lui-même, Fils de Dieu, prenait des nuits entières pour s’isoler et parler à son à Père. Si le monde est ce qu’il est aujourd'hui, si notre Église a besoin de renouveau, c’est parce qu’il est en manque criard de vrais hommes et de vraies femmes de prière. Ici nous ne voulons pas parler de ceux qui disent certaines prières, mais des personnes dont toute la vie est prière. C’est ce qui ressort de l’encyclique Noveo millinio ineunte du saint pape Jean Paul II. Malheureusement, beaucoup de chrétiens ne se sentent pas très concernés par ce sujet. Pour eux, la prière n’a plus de grande valeur. Il suffit d’être actif. Certains prétendent que leur travail est une prière. D'autres disent qu’ils ne savent pas prier, alors à quoi bon ? D'autres aussi disent que la prière n’est pas rentable : ils prient et ne reçoivent pas ce qu’ils demandent. Alors ils abandonnent la prière. Il y a aussi ceux qui objectent que la prière est une fuite des réalités du monde. Enfin, il y a ceux qui prétendent manquer de temps. Ils peuvent trouver du temps pour tout sauf pour Dieu, sauf pour prier. Dieu est maître du temps et maître de nos vies. Pourtant nous lui refusons souvent un peu de notre temps.
Nul ne peut prétendre servir Dieu et ne pas mener une bonne vie de prière. Nous serions ce que le pape François fustige : des fonctionnaires spirituels. Nous sommes engagés dans de nombreuses activités parfois même religieuses. Nous n’écoutons pas assez et nous nous heurtons à beaucoup d’échecs et de déceptions même dans l’évangélisation. Le drame de l’Église aujourd'hui, c’est que beaucoup de chrétiens ne prient plus assez. Il y a trop d’activisme. Heureusement il y en a qui luttent pour vivre leur vocation. Je connais beaucoup qui sont des défis pour moi en matière de prière.
Indira Gandhi disait que « l’on peut jeûner pour le corps, mais, on ne le peut pas pour l’âme ». Si on le fait, on s’affaiblit. « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire », dit Jésus (Jn 15, 5). On ne peut pas se passer de la prière et mener une vie chrétienne normale car on se dessèche. Personnellement, quand je ne prie pas, je suis comme malade. J’étouffe et je cherche Dieu comme « une biche cherche l’eau vive » (Ps 42, 2). Dieu nous a créés pour communier, converser avec lui (Vatican II, GS 19). Celui qui ne prie donc pas n’est même pas un vrai être humain. Par ailleurs, d’autres personnes peuvent se croire maîtres en matière de prière. Elles peuvent se dire : « Cela fait longtemps que je prie. J’ai déjà lu des dizaines de livres, écouté des dizaines de sermons sur la prière ». Avec de telles pensées, on n’est plus ouvert à grandir dans la prière. Nous prions pour connaître Dieu et l’aimer. Or, nous aurons toujours à faire des progrès. « A présent, notre connaissance est limitée » (1Co 13,12). Ce qui nous interpelle tous à faire toujours de nouveau progrès dans la prière, à être prêts à toujours recommencer une meilleure vie de prière. La fête de Pâques nous interpelle à prier, à beaucoup prier et à bien prier. Pour apprendre à prier, il faut être à la bonne école. Beaucoup de chrétiens ont des livres de prières qu’ils lisent et prient tout au long de la journée. C’est très bien, mais ce n’est pas assez. Saint Paul dit que lorsque nous sommes petits, nous nous nourrissons de lait, mais une fois adultes, nous consommons de la nourriture solide. Quand un enfant apprend à parler, on lui fait répéter des mots et par la suite, on le laisse lui-même dire ce qu’il pense. C’est ainsi la prière. Peut-être, nous sommes-nous servis de beaucoup prières écrites au début, mais maintenant nous devons aussi (en plus) formuler nous-mêmes nos prières. Dire ce que nous pensons. Sinon, nous risquons de faire une simple lecture ou répéter des mots sans prier vraiment. Sainte Thérèse de Lisieux a dit « quand je prie, je dis simplement à Jésus ce que je pense ». Si nous apprenons à parler avec Dieu cœur à cœur, il nous sera alors très bénéfique de dire le chapelet et de faire d’autres prières vocales ou communautaires.
L’autre fausse idée sur la prière, c’est de croire que ‘prier’ veut seulement dire ‘demander’. C’est pour cette raison que plusieurs ne prient que lorsqu'ils ont des difficultés. Ils font tant de promesses à Dieu. Mais une fois le problème résolu, ils l’oublient et le négligent. C’est vrai que Jésus nous dit de demander afin que nous recevions mais la prière ne se résume pas à la demande. Faisons donc beaucoup plus d’efforts pour creuser du temps dans notre emploi du temps chargé afin de grandir dans la prière. N’oublions pas de consacrer aussi du temps aux prières vocales. Nous pourrons ainsi mieux servir notre Dieu et lui faire plaisir. N’est-ce pas là la grande interpellation de Pâques ?
Henri Bayemi