Revenir à Dieu

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Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘ père donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son avoir… quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il a commencé à se trouver dans l’indigence… il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même il se dit : ‘ combien d’ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de faim. Je vais aller vers mon père et je lui dirai : je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers. Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers…. (Lc 15, 1-32).

Le don de vie

Dieu nous a créés libres. ‘Je mets devant vous la vie et la mort. Choisis la vie’ Dt 30, 14-15. Comme le Père a donné la part d’héritage du fils cadet, ainsi nous avons la vie comme héritage. La vie que nous avons est très précieuse. Il serait insensé de gaspiller ce don si précieux qu’est la vie. La vie est une perle

et Jésus dit : ‘ne jetez pas les perles aux porcs. Ils les piétineront'. Autant l’enfant prodigue avait gaspillé ses biens, ainsi nous gaspillons souvent nos vies croyant en jouir. Et ce gaspillage constitue le péché.

Le péché

Celui qui crée un instrument donne la notice d’utilisation. Lorsqu’on possède un appareil, si on ne l’utilise pas comme recommandé par le fabricant, il ne fonctionne pas bien, il perd son utilité. Ma femme et moi sommes allés une fois dans un ‘car boot sale’ où nous avons acheté un robot mixeur. Malheureusement il n’y avait pas de notice et une fois rentrés à la maison, malgré nos efforts, nous n’arrivions pas à faire marcher l’appareil. Déçus nous avons couru rendre l’appareil au marchand qui pourtant affirmait avec véhémence que cet appareil fonctionnait le matin lorsqu’il l’avait essayé. Quelques semaines plus tard nous avons acheté le même appareil tout neuf, dans son carton et avec notice d’utilisation. Nous avons compris en lisant la notice pourquoi nous n’arrivions pas à faire fonctionner le précédent. Il fallait juste faire coulisser la manche ce que nous ne le savions pas ; parce que nous n’avions pas de notice.

Je ne devrais pas faire de ma vie ce que je veux. Comme c’est Dieu qui m’a créé, je dois utiliser ma vie en suivant les directives de celui qui me l’a donnée. Plusieurs fois, je n’ai pas suivi les recommandations de Dieu pour ma vie et je l’ai abîmée. Dieu dit d’aimer, d’aimer gratuitement ; un jour où j’avais fait un accident grave, j’avais été transporté d’urgence à la réanimation d’un hôpital. Une de mes tantes averties était allée chercher le spécialiste chargé de mon opération qui était une relation à elle et que je connaissais aussi vaguement. Mais dans la salle, elle ne m’a pas reconnu ; moi pourtant si mais dans la souffrance atroce dans laquelle je me trouvais il me coûtait de l'appeler pour la saluer et je ne l’ai pas fait. Ne sachant pas que le monsieur qui l’accompagnait était le chirurgien qui s’occuperait de mon cas. Cet acte m’a coûté deux mois et demi de souffrance supplémentaire car pour avoir un rendez-vous avec le chirurgien il fallait attendre de longs mois; tandis qu’il était venu me chercher dans la salle avec cette tante qui ne m’avait pas reconnu et que je ne m’étais pas dépassé pour saluer. En refusant de suivre les instructions de Dieu, j’abime ma vie.

Le péché nous rabaisse

Quand l’enfant prodigue a gaspillé tout son héritage, il a eu faim ; il a commencé à souffrir. L’effet secondaire du péché, c’est le manque de joie, de paix, de bonheur, c’est la tristesse et les plaintes. Ce qui fait le plus de mal au monde, à ma famille, ce qui me fait le plus mal, c’est le péché. Chaque fois que je ne suis pas heureux, c’est parce que je ne vis pas comme Dieu le veut. L’enfant prodigue dans sa misère et sa souffrance a cherché du travail chez un éleveur de porcs. Pour les juifs c’est une grande humiliation puisque le porc est un animal qu’on ne mange pas du tout ; proscrit, considéré comme maudit. Être au service des porcs, c’est être en dessous de la dignité humaine pour eux. Cet enfant voulait même manger la nourriture des porcs mais personne ne lui en donnait. Le péché nous rabaisse ; nous fait perdre notre dignité d’être humain. Il nous fait perdre notre identité d’enfant de Dieu. On se rabaisse à devenir moins que les animaux. C’est ainsi qu’on peut se vanter de posséder des biens alors que nous devrions en être maîtres. L’homme n’est pas digne pour ce qu’il possède mais pour ce qu’il est. On élimine nos enfants alors que les animaux même protègent les leurs. ‘ L’animal connaît son maître, mais l’homme ne me connaît pas’ (Is 1,3) le péché enlaidit l’homme, le défigure.

Cet enfant prodigue, dans un moment de réflexion a pensé : ‘combien d’ouvriers de mon père ont de la nourriture en abondance alors que moi ici je meurs de faim; je me lèverai et j’irai chez mon père et je lui dirai : père j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers.’ Cet enfant ne connaissait pas vraiment le cœur de son père. L’idée que nous avons souvent de Dieu n’est pas juste. On le voit souvent comme un Dieu vengeur, qui nous guette pour nous punir. Un dieu qui ne peut pardonner tel ou tel autre péché. Le péché contre l’Esprit Saint, c’est refuser le pardon même de Dieu. Je n’ai pas tenu à mes résolutions et je pense que la vengeance de Dieu va s’abattre sur moi ? Dieu est Père ; il est le Père, il est mon Père. C’est le père parfait. Il a toujours ses bras grands ouverts pour nous accueillir comme le père a fait pour l’enfant prodigue. L’enfant prodigue s’est levé et est parti chercher son père. Nous par contre bien de fois, nous nous refusons à la conversion nous refusons de changer de vie, de changer notre mauvais caractère, notre mauvais comportement. C’est comme refuser de sortir de la prison. Les gens disent souvent : je n’y peux rien, c’est mon caractère’, je suis comme cela ; je me comporte comme cela depuis bien longtemps ; ‘ Je ne suis pas un saint’ ; mais en fait c’est ta vocation. Dieu ne peut nous demander quelque chose qui nous dépasse. La société est comme cela ; on ne peut changer la société penseraient certains. ‘ Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour que voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux’ (Mt 5, 13-15). Certains encore se plaignent en ces termes : ‘ je voudrais bien sortir de ce caractère, de cette situation, cette dépendance mais je ne le peux pas ; c’est plus fort que moi. ‘ Ceci est reconnaître qu’on agit comme un drogué, incapable de se libérer. De fait, par nous-mêmes, nous sommes incapables d’aller à Dieu. Par toi-même tu ne peux couper les chaînes du péché. Le curé d’Ars dit : ‘ ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu. Mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et le fait revenir à lui.’

Pour nous sortir du péché, le Père nous aide en nous donnant son Fils. ‘ Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils non pour juger le monde, mais afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle’ (Jn 3, 16-18). Jésus est le plus grand cadeau que le Père me fait. Car Jésus me libère et me montre le chemin vers le Père. Ma libération, ta libération c’est une bonne nouvelle ‘ je vous apporte une bonne nouvelle (Lc 2, 10). Aujourd’hui c’est le jour que Dieu a fait. Qu’il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 118, 24). Aujourd’hui peut être un jour merveilleux. Un jour de grande joie, un jour de salut. Car c’est comme un patient qui sort de l’hôpital après plusieurs mois d’hospitalisation et qui sent en lui un soulagement. C’est comme un prisonnier qui voit sa sentence réduite et qui est libéré plus vite que prévu. Saint Paul dit : ‘ Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu’. Le péché me tuait à petit feu. Aujourd’hui, Jésus vient me libérer des chaînes du péché. C’est une nouvelle naissance. Je me souviens d’un adulte à qui on demandait quel âge il avait alors il répondait j’ai un an et à ceux qui s’en étonnait il disait je compte désormais mon âge par rapport à ma conversion car c’était pour moi une nouvelle naissance.

Même lorsqu’on est déjà chrétien, revenir à Dieu, c’est être fidèle à sa vocation. C’est être totalement soumis à la volonté de Dieu. Il est temps que tu acceptes de revenir à Dieu ; totalement et non pas à moitié. Un jour tandis que nous discutions sur le passage de Jésus avec le jeune homme riche, Jésus qui répond à la question du jeune homme riche en lui disant : ‘ va, vends tout puis viens et suis moi’. Lorsque ce fut le tour d’une dame de partager ce qu’elle pensait de ce passage, elle a affirmé que si elle était à la place du jeune homme riche, elle aurait vendu une partie de ses biens et gardé la moitié et puis elle aurait suivi Jésus. Sa pensée est celle que beaucoup de personnes adoptent parfois subtilement. Pourtant c’est très dangereux. Tu ne peux servir deux maîtres à la fois. Celui qui n’est pas pour moi est contre moi disait Jésus. L’image des chrétiens qui ont une double vie ; le jour on les voit à l’Eglise avec leur bible et apparemment très pieux. Pourtant ils réussissent à s’éclipser discrètement pour aller chez les marabouts où ils se livrent à toutes formes de pratiques obscures.

Il y a cette histoire des pères du désert où un jeune homme avait suivi l’appel à devenir moine. Il s’en est allé dans le désert, dans un monastère pour présenter sa candidature. On l’a accepté en lui précisant qu’il fallait qu’il vende tous ses biens et les distribue aux pauvres. Il est rentré chez lui et a vendu ses biens mais au lieu de les distribuer il a caché une partie et il est retourné au monastère prétendant qu’il avait tout distribué aux pauvres. Mais à l’instant même, l’Esprit Saint a inspiré le supérieur qui a su que le jeune homme mentait et il lui a dit : ‘ je sais que ce n’est pas vrai ce que tu dis. Rentre à présent, prends ce que tu as caché, prends une partie donne la aux pauvres, le reste te suffira juste à acheter de la viande saignante, porte cette viande saignante sur ton dos et marche en traversant le désert pour revenir ici et lorsque tu seras revenu ayant suivi mes instructions, je te prendrai comme moine.’ Cette fois ci, le jeune homme respecta fidèlement les instructions qui lui avaient été données. Mais traversant le désert, comme la viande sur son dos saignait, les vautours sentant l’odeur se ruèrent sur son dos pour manger la viande ; de ce fait ils lacérèrent tout son corps qui fut recouvert de blessures. Il arriva au monastère sans viande, le corps ensanglanté et en feu ; le supérieur l’accueilli et lui dit : ‘ si tu avais gardé une partie de tes biens, c’est comme cela que le démon se serait jeté sur ton âme et l’aurait lacéré.’

Le démon profite souvent de ce que nous refusons à Dieu pour nous faire chuter. ‘c’est le moment opportun du salut’ (2 Co 6, 2). Aujourd’hui ne remets plus ta conversion à demain. Ne remets plus ton engagement total à Dieu à demain. Sainte Catherine de Sienne disait : ‘ n’attendez pas le temps, le temps ne vous attend pas.’ Ainsi c’est maintenant, laisse toi, lâche la dernière prise et donnes toi à Dieu. Saint Augustin raconte dans ses ‘ confessions’ l’histoire de deux de ses amis païens qui avaient lu l’histoire de Saint Antoine ; moine au désert d’Egypte. Après l’avoir lu, ses amis qui étaient au service du roi ont pensé : ‘ Qu’est ce que nous croyons gagner avec tous les efforts que nous faisons ? Qu’est ce que nous cherchons ? Quelle est notre raison de servir le roi ? Est ce que nous pouvons espérer autre chose que d’être les amis du roi ? Et même ainsi notre position serait précaire et exposé aux humeurs du roi. On peut nous limoger facilement. Mais si je le veux, maintenant, je peux devenir l’ami de Dieu. Ici et maintenant. ‘ Alors un s’écria : ‘ a ce moment précis ici et maintenant, j’ai décidé de servir Dieu.’ L’autre aussi fit de même, ils abandonnèrent leur travail pour se consacrer à Dieu.: ‘ c’est le moment, l’heure est venue de sortir de ton sommeil’ (Rm 8,11) . Pour nous refuser de nous laisser libérer de la prison et de refuser d’en sortir serait une véritable idiotie. Le péché est une prison.

La rencontre avec le Père

Quand le fils était encore loin, le Père le vit et couru à sa rencontre. Le fils demanda pardon : ‘ j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…’ le Père ne le laisse même pas terminer ; il l’attendait depuis si longtemps. Peut être que tu es encore loin de Dieu. Que tu ne vives pas ta vocation comme Il le veut. Mais Il vient à ta rencontre maintenant. A ce moment précis, Il court à toi ; Il t’étreint. Que de joie pour le Seigneur de te rencontrer. Les parents ont toujours beaucoup de joie lorsque leur enfant malade recouvre la santé ; ou encore lorsque l’enfant rentre à la maison après une absence. J’ai vu un jour une émission de retrouvailles à la télévision. Une femme avait eu un enfant lorsqu’elle était jeune. Et une fois mariée, son mari ne voulait pas de cet enfant ; elle s’est résignée à le confier à un orphelinat. Et elle perdit toute trace de son enfant. A 50 ans, elle pensait encore à cet enfant pour qui elle aurait désormais tout donné mais elle n’avait aucune nouvelle de lui. Le programme de télévision retrouva cet enfant et informa la mère. Il avait environ 30 ans la seule condition pour les mettre en contact était que ce soit pendant l’émission et que cela soit filmé. La mère fut d’abord appelée sur le plateau. Lorsque le fils fit son apparition c’est tout le monde qui retenait son souffle pour voir leurs réactions à tous les deux : ils se sont jetés dans les bras l’un de l’autre ; ils pleuraient tous les deux ils avaient totalement oublié les caméras c’était une joie indescriptible. Toutes les années d’absence semblaient envolées.

A ce moment si toi aussi tu reviens à Dieu, Il serait tout aussi joyeux et te couvrirait de ses baisers quoi que tu ne le voies pas. Dans la suite de la lecture, le père de l’enfant prodigue a dit : ‘ vite, mettez lui un anneau au doigt, des chaussures aux pieds, une robe blanche ‘. L’enfant prodigue subit une transformation. Dieu t’aime comme tu es, mais Il ne veut pas que tu restes comme tu es ; il ne veut pas que tu restes dans le péché. Il veut que tu aies une nouvelle relation avec Lui. Ensuite il dit : ‘ tuez le veau gras, faisons la fête car mon enfant était perdu, je l’ai retrouvé. Il était mort et il est revenu à la vie.’

Te convertir c’est la fête au ciel. C’est la joie de Dieu ; revenir à Lui c’est le bonheur. Peut être c’est le moment de lui signifier la joie des retrouvailles et lui parler comme un fils parle à son Père. Père me voici, je reviens mon Dieu.

 

Henri Bayemi