La Semaine Sainte

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Dans l’histoire des travailleurs de la onzième heure (Mt 20), nous voyons comment le maître de la vigne embauche ses ouvriers à partir du matin, jusqu’à tard dans la soirée de sorte qu’il y’en avait qui n’ont travaillé que pendant une heure de temps et ont eu le même salaire que ceux qui avaient travaillé depuis le matin. Devant les plaintes des premiers, le maître a expliqué qu’il avait le droit de faire ce qu’il voulait de son bien. Dieu n’est pas injuste. En amour on veut même que l’autre soit plus heureux. Les parents veulent que leurs enfants soient mieux éduqués et plus riches qu’eux. Si les premiers étaient vraiment pleins d’amour, ils ne se seraient pas plaints que les derniers aient le même salaire.

Le carême tire à sa fin. Il est possible qu’au début du carême certains aient pris des résolutions pour grandir dans leur amour pour Jésus. Tout au long du Carême, il y en a qui ont gardé leurs résolutions, peut-être avec des hauts et des bas. Peut-être moins fidèlement qu’ils l’auraient souhaité. D’autres n’ont pas été très fidèles et se sentent un peu comme ayant trahi Jésus. D’autres encore n’ont pas fait grand-chose par rapport au Carême. A l’approche de la Pâques, on peut se sentir un peu indigne de célébrer cette grande fête dans la joie parce qu’on n’a pas été fidèle à ses engagements du Carême. Il n’est pas tard pour bien terminer son carême, pour bien vivre le carême, car tu peux être le travailleur de la dernière heure. Tu peux mettre le paquet en cette semaine sainte et Dieu verra ton effort et le comptera comme si tu avais bien vécu tout ton Carême.

La fête de Pâques est la plus grande fête de l’Eglise. Pour cela elle est préparée d’une façon spéciale. La semaine sainte commence le Lundi Saint. Le jeudi Saint, il y a une messe à beaucoup de significations. C’est ce jour que le Christ a institué ses apôtres. Dans la prière sacerdotale (Jn 17), il consacre les prêtres. Le jeudi saint nous rappelle qu’il faut prier pour les prêtres. Qu’il faut les respecter, spécialement dans leur dignité. Il ne faut donc pas commettre de sacrilège. Je me rappelle un collègue qui se vantait avoir couché une religieuse. Des filles et femmes ont aussi déjà couché avec des prêtres. S’il y a des cas où ces prêtres peuvent volontairement être tombés dans cette tentation, parfois aussi, ce sont les femmes qui les poussent au péché. Ceci, c’est commettre un sacrilège. Profaner quelque chose qui appartient à Dieu. C’est comme si tu entrais dans une chapelle et tu saccageais tout jusqu’au saint sacrement. Je dis souvent aux filles que si dans une faiblesse un prêtre leur faisait la cour, non seulement elles devraient refuser, mais elles devraient même l’évangéliser car il a besoin de la Parole de Dieu. D’autre part le prêtre est prêtre du Christ pour l’Eglise. Il faut soutenir les prêtres et la formation des prêtres. Peut-être que nous ne verrons pas directement la récompense de notre soutien aux prêtres. Mais le Seigneur lui-même nous récompensera selon son bon vouloir. J’étais très content dernièrement à la retraite de Douala où les membres ont cotisé près de 250 euros pour la formation de nos deux séminaristes du Mouvement. Un membre m’a aussi demandé d’aller dans une banque retirer de l’argent, 80 euros pour ces mêmes séminaristes. Les gens savent qu’une année de leur formation coûte pas moins de 1500 euros par séminariste. Quand nous supportons ainsi la formation de nos prêtres, nous supportons Jésus.

Le jeudi Saint, il y a institution de l’Eucharistie. Jésus a donné son corps et son sang pour me sauver. Il a dit que celui qui ne mange sa chair ni ne boit son sang ne verra pas la vie éternelle. Je dois donc tout faire pour prendre régulièrement l’Eucharistie. Et s’il y a quelque chose dans ma vie qui m’empêche de communier, je dois prier et tout faire pour que cet obstacle soit enlevé. D’autre part, il me faut respecter l’Eucharistie, car qui le prend en état de péché mortel mange et boit sa propre condamnation. C’est comme une malédiction. Saint Paul dit que c’est pour cela que beaucoup sont malades, infirmes et que certaines personnes sont même mortes (1Co 11,30 ). Si je suis en état de péché mortel, il faut que je me confesse avec la ferme résolution sincère de ne plus recommencer. Alors j’aurai le droit de communier.

Le jeudi Saint aussi, Jésus nous apprend l’attitude d’humilité. Lui le maître, se rabaisse pour laver les pieds de ses disciples. Il prend la condition d’esclave (Ph 2, 6-11). Combien de fois n’avons-nous pas été tentés par l’orgueil. C’est comme si pour être respecté dans ce monde, pour être considéré, il faut être orgueilleux. Mais le livre du Siracide nous dit que plus tu es grand, plus il faut s’humilier (Si 3, 18). Faisons donc des exercices d’humilité pour être comme Jésus. Pardonnons à ceux qui nous font du mal.

Le Jeudi Saint, les tabernacles principaux seront vidés pour montrer la solitude de Jésus. Tous l’abandonnent pendant ses moments difficiles. Combien de fois ne nous sommes-nous pas sentis seuls ? Souvent même les mariés se sentent incompris et seuls. Il faut comprendre que les moments de solitude, quand ils sont bien vécus sont une identification à la passion du Christ. Il ne faut pas simplement chercher à combler la solitude par une présence humaine car aucun être humain ne peut nous satisfaire et nous combler à la mesure de nos attentes. Seul Dieu nous comble : ‘Dieu seul suffit’ a dit Sainte Thérèse d’Avila.

Enfin une autre leçon du Jeudi Saint c’est la prière. Pendant que Jésus souffre son agonie et prie, ses intimes le laissent et s’endorment. ‘Ne pouvez-vous pas veillez une heure avec moi’ leur dit-il ? Combien de fois n’ai-je pas été désordonné, paresseux, sommeilleux dans ma vie de prière. Est-ce que je suis fidèle à ma prière intime ? Je peux l’être en cette semaine sainte. Si je peux prendre ma vie de prière intime, ma vie d’adoration du Saint Sacrement au sérieux, j’aurai ainsi accompagné d’une manière Jésus dans son agonie.

Le Vendredi Saint, il n’y a pas de messe car il y a une seule messe entre le jeudi Saint et Pâques. Il est vrai que la communion est souvent gardée pour être distribuée à la cérémonie du Vendredi Saint. Ce jour est le grand jour de la Passion du Christ. Il y aura plusieurs prières universelles pour prier pour beaucoup d’intentions pour le monde entier. Ne pas nous fatiguer de les suivre. Il y aura aussi la vénération de la croix. Par la croix le Christ a sauvé le monde. Combien de croix n’avons-nous pas dans nos vies ? Chaque souffrance si petite soit-elle peut être considérée comme une croix. Toutes ces croix, grandes et petites, peuvent être offertes à Jésus pour qu’il nous aide à les porter. En allant nous courber ce jour devant la croix pour la vénérer, ne faisons pas simplement un geste machinal, mais remettons lui toutes nos souffrances.

Le samedi Saint, il y aura la veillée pascale, avec la cérémonie des lumières. Les lumières seront éteintes dans la grande chapelle, on allumera le feu dehors et seul le prêtre entrera dans l’Eglise avec la lumière. Ainsi, Jésus est la lumière qui est entrée dans le monde et qui brille dans les ténèbres. Chaque fidèle allumera ainsi sa bougie. En nous connectant au Christ, nous devenons aussi des lumières pour les autres. Il ne s’agira donc plus de nous plaindre d’être dans un milieu où les autres ne nous comprennent pas ou ne vivent pas nos valeurs. Ils sont dans les ténèbres. Si j’éteints ma lumière, je deviens aussi comme eux. Au contraire, il faut que je brille intensément en évitant d’être négativement influencé.

Le jour de Pâques est un jour de grande joie. C’est un jour de fête. Il faut bien le célébrer et être joyeux tout en communiquant de la joie à son entourage, particulièrement, à tous les membres du groupe. Que ce jour, chacun d’une manière ou d’une autre, communique de la joie aux autres.

Si la semaine pascale est appelée semaine sainte, c’est aussi un appel à ce que nous soyons saints. Soyez saints comme votre Père est saint (Mt 5.48). La sainteté n’est pas réservée aux forts, ni aux justes, ni aux riches. Jésus est venu pour les pécheurs. Moi aussi je peux être saint. Toi aussi tu peux être saint. Jésus t’accepte comme tu es. Il veut que tu viennes à lui avec tes faiblesses, tes péchés et tes pauvretés. C’est Dieu qui est le tout puissant. Il est capable de sanctifier. Il a sanctifié Marie Madeleine la prostituée. Il a sanctifié Saul le meurtrier. Il a sanctifié Augustin l’impur. Il peut aussi te sanctifier si tu lui restes attaché à lui et tu lui parles de ta vie et de tes faiblesses.

En vivant ainsi la semaine sainte, je l’aurai bien vécue, peut-être comme les travailleurs de la onzième heure et Jésus sera content de moi et me comblera. ‘Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout vous sera donné par surcroît’ Mt 6, 33.

 

Henri Bayemi