Nous venons de célébrer la fête de Pâques. Le Christ mort pour nos péchés est ressuscité. Mais avant de souffrir sa Passion, il consacre ses apôtres, il nous donne l’Eucharistie, son corps et son sang. L’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. C’est une nourriture pour notre âme. Sans l’Eucharistie, notre âme se dessèche. ‘Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité’ (Jn 6, 51). Nous sommes bienheureux de pouvoir avoir accès à la table du Seigneur et manger ce pain de vie.
Si nous pouvons avoir le Saint Sacrement c’est grâce aux prêtres. Le prêtre est une grâce, c’est un don de Dieu pour nous. Sans lui nous n’aurions pas la possibilité d’avoir ce saint sacrement. Quand j’étais enfant, je me rendais compte pendant les vacances que je passais au village de ma mère que la paroisse était à 3 à 4 heures de marche à pied à travers la forêt. Les villageois ne recevaient donc la communion qu’occasionnellement. Aujourd’hui encore beaucoup de chrétiens des villages éloignés n’ont pas la possibilité de recevoir régulièrement l’Eucharistie par manque de prêtres. Avant les années 1990, dans les pays communistes beaucoup de personnes étaient privées de l’Eucharistie, les prêtres se cachaient parce qu’ils étaient persécutés et certains grands séminaires étaient clandestins. Sans l’Eucharistie, sans le prêtre, il n’y a pas d’église.
C’est pour cette raison que nous devons rendre grâce à Dieu pour tous ceux qui acceptent de se donner totalement à Dieu dans le sacrement de l’ordre; en refusant de se marier et en vivant les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Aujourd’hui les médias parlent des prêtres pédophiles. Pour moi, la réponse à un tel problème ne passe pas automatiquement par un possible mariage des prêtres que réclament certains car combien d’hommes promettent fidélité et amour à leur femme le jour du mariage et qui ensuite leur sont infidèles plusieurs fois ? Ce n’est parce que Juda a trahi Jésus qu’il faille condamner tout le collège des apôtres et que Jésus devait démissionner de sa mission. S’il est vrai qu’il y a des prêtres qui salissent l’église par ces comportements, nous ne pouvons oublier la plus grande partie, une multitude de prêtres qui se donnent jour et nuit au service du Christ et de leurs frères et sœurs dans différents domaines.
La vie de l’église est parsemée de prêtres qui ont vécu leur mission avec amour et dévotion. Le Saint curé d’Ars, Saint Patron des prêtres en est un exemple. Plus près de nous au Cameroun, nous avons l’exemple de Baba Simon devenu missionnaire dans le Nord du pays. Né en 1906, Baba Simon a été baptisé à l'âge de 12 ans. Venu du Diocèse de Douala, l'Abbé Simon Mpèckè, de son vrai nom, eut l'idée d'aller au Nord Cameroun, après avoir lu un article dans le journal intitulé "les Études Camerounaises" paru en 1947. Voici un extrait de ce que le Cardinal Christian Tumi dit de lui dans son homélie à l’occasion du 20ème anniversaire de sa mort. Après l'ordination sacerdotale, devenu curé de la paroisse Notre Dame des Victoires de New-Bell à Douala en 1954, il exposa à son évêque, Mgr Bonneau, son désir d'aller au Nord Cameroun. Celui-ci, après s'être rendu lui-même au nord Cameroun, vint voir l'Abbé Simon et lui dit: "Si j'étais jeune je te demanderais d’y aller, mais maintenant c'est trop tard. Il ajouta: moi je ne puis réellement juger ton cas pour aller au Nord ou rester ici." À la mort de Mgr Bonneau, l'Abbé Simon vint trouver Mgr Mongo et lui dit qu'il fallait arranger cette affaire. Voici ce que lui répondit Mgr Mongo:" Tu demandes à aller toujours au Nord Cameroun. Je ne te permets pas d'y aller, mon ami, c'est moi qui t'y envoie. Si on te demande pourquoi tu es venu ici, tu dois dire que C'est Mgr Mongo qui t'a envoyé parce qu'il pense que notre christianisme au Cameroun ne sera solide que lorsqu'il reposera sur les deux pieds, le Nord et le Sud. Baba Simon s'est mis en route sans prétention. Il savait qu'il allait à la rencontre d'une autre culture. Il a appris le Kirdi et il s'est si bien intégré parmi eux qu'un chef du culte Mouyang témoignait, devant Baba Simon lui-même en ces termes: "Nous les gens de la montagne, nous n'avons en plaine qu'un seul ami. C'est toi, Baba Simon: pourquoi toi seul? Parce que tu es venu sans escorte et que tu es accueilli par tout le monde: Zoulgo, Moloko, Mboko, Guemjek, Ouldeme, Mada, Mouyang. Baba! Tu as fait amitié avec tout le monde. Tu es notre père, tu es notre mère. Tu t'occupes de nous comme un vrai parent. Tu es devenu la tête de la grande famille des Kirdis. Baba simon, envoyé au Nord est devenu Kirdi avec les Kirdis. Mgr Plumey raconte comment Baba Simon évangélisait les montagnards: "Les villages de la montagne ont reçu la visite de ce prêtre venu du diocèse de Douala. Pendant quinze ans sur la piste rocailleuse brûlée de soleil; parfois sous la tornade, en saison des pluies, ce prêtre déjà âgé, fatigué, montait lentement vers le village, il franchissait ses petites terrasses qui exigent des prodiges d'ingéniosité aux habitants ... Baba Simon a parcouru toutes ces pistes, il a passé ses soirées accroupi près des gens, à la lumière du feu du saré familial, il a expliqué les paraboles de Jésus de Nazareth. Avec Baba Simon, les enfants apprenaient par coeur l'Évangile. Ils étaient fiers ensuite d'aller le répéter aux autres.
Durant toutes ses années de ministère, Baba Simon n'arrivait même pas à garder pour lui une paire de chaussures : tout ce qu'il possédait, il l'offrait aux autres. Sa capacité à se sacrifier, son profond amour du prochain, son zèle à annoncer l'Evangile le consumèrent jusqu'à sa mort, survenue en 1975, à la veille de l'Assomption de la Vierge Marie. Le vrai missionnaire c’est le Saint (Pape Jean Paul II, Redemptoris missio). Le prêtre devrait donc rechercher ardemment la sainteté.
Nous avons aussi eu depuis le début du premier groupe Parole de Dieu une multitude de prêtres et d’évêques qui nous ont soutenus, encadrés et conseillés. Si le Mouvement de l’Incarnation est ce qu’il est aujourd’hui, c’est aussi grâce à eux. Nous en remercions Jésus. C’est pourquoi nous conseillons à tous les membres de parrainer jusqu’à la fin de l’année sacerdotale en Juin 2010, un prêtre par la prière. Chaque jour, faire une prière pour lui et si possible, le soutenir même une fois par un don financier ou matériel. Nous pouvons aussi saisir cette occasion pour aider un séminariste. Viens Esprit Saint !
Henri Bayemi