Beaucoup de personnes reçoivent les sacrements, consacrent du temps à Dieu, font des efforts pour résister aux tentations et travaillent pour Dieu. Ceci est bien louable. Par rapport à ce genre d’attitude Saint Jean écrit : ‘Dis à l’Eglise d’Ephèse…je connais tes œuvres et ton labeur et ta persévérance. Je sais que tu ne te mêles pas avec les méchants. Je sais que tu as de la persévérance et que tu as souffert pour mon nom sans te fatiguer’ (Ap 2, 1-3). Saint Paul aussi écrit : ‘Finalement frères, nous vous encourageons et vous lançons un appel dans Jésus : nous vous avons appris comment vivre pour plaire à Jésus et c’est ainsi que vous vivez’ (1Th 4,1). Dieu reconnaît les efforts du cheminement spirituel de ses enfants. Mais Saint Paul continue : ‘Toutefois, faites de nouveaux progrès’ (1Th 4, 3).
‘Dans la vie spirituelle, il n’y a pas de stabilité. Celui qui n’avance pas recule’ disait Saint Jean de la croix. Il possible que certains d’entre nous soient tentés de se comparer spirituellement aux autres et de se croire meilleurs.
Appel à la sainteté
C’est Jésus qui est notre modèle car nous ne devons pas nous satisfaire de la vie chrétienne que nous menons. Il faut que nous avancions en eau profonde et tendions à la sainteté car être saint est le but ultime de la vie chrétienne. ‘Soyez saints comme je suis saint’ (Mt 5, 48). Dans l’encyclique Redemptoris missio, le Pape Jean Paul II dit que chaque église doit être enthousiaste pour la sainteté. Etre saint, c’est être séparé, vivre différemment des autres, pour Dieu. Par le baptême, nous sommes mis à part pour Dieu. Alors être saint, c’est être comme Dieu (2P1, 3-4) qui par nature est saint et sanctifie. ‘Que Dieu vous sanctifie tout entiers’ (1Th 5, 23). C’est Dieu qui communique sa sainteté.
Pendant longtemps, je croyais que pour être saint, il fallait exclusivement être prêtre, religieux ou d’une autre race. Je croyais que la sainteté était réservée à quelques uns, à ceux qui font des miracles. Mais le concile Vatican II a consacré tout un chapitre à l’appel à la sainteté de tout le peuple de Dieu. D’ailleurs dès la première communauté chrétienne, les disciples sont appelés ‘saints’ (1Co 6, 11 ; Ac 9, 13 et Eph 5, 3). Souvent nos faiblesses, nos infidélités et nos péchés nous découragent face à cet appel. Beaucoup de saints étaient d’abord des grands pécheurs. Matthieu était collecteur d’impôts ; Marie Madeleine était une prostituée ; saint Paul un meurtrier ; saints Augustin et Charles de Foucauld des impurs. Tous ont changé de vie et des grands pécheurs qu’ils étaient, ils sont devenus de grands saints. Quand nous lisons la vie des saints, il peut nous arriver de nous sentir loin d’agir exactement comme tel ou tel saint et cela risque de nous décourager. Mais saint Vincent de Paul a dit : ‘la sainteté ne consiste pas en des extases’ ; et Le curé d’Ars: ‘Tous les saints ne passent pas par les mêmes chemins. Il y en a qui ne pouvaient même pas vivre ensemble. Tous n’ont pas bien commencé, mais tous ont bien terminé’. Un autre découragement vient du fait que les gens qui ont une vie sainte ne sont pas toujours aussi nombreux qu’il le faut. Alors nous préférons nous accommoder à la vie de la majorité. Or, Jésus a dit que nous étions dans le monde sans être du monde. Souvent, des gens ont dit : ‘si je n’étais pas dans le monde, dans la société, je pouvais mieux aimer Dieu’. C’est justement nous qui devons transformer le monde à la manière du sel, de la lumière dans les ténèbres ou du levain dans la pâte. Même si tu es seul à aspirer à la sainteté dans ta famille et dans ton milieu, vas-y.
Même dans ce monde, les saints ont été ceux qui ont fait le plus de bien à l’humanité. Saint Damien de Molokai a travaillé vaillamment avec les lépreux, jusqu’à ce que lui-même décède de la lèpre. Sainte Mélanie a beaucoup contribué à l’abolition de l’esclavage et Saint Joseph Calasanz à l’éducation gratuite pour tous etc. La bienheureuse mère Theresa, dont la vie était consacrée à aider les plus pauvres des pauvres a un jour été accostée par un journaliste qui lui dit : ‘ma mère, n’es-tu pas gênée d’être appelée la sainte ?’ Elle lui répond : ‘non, parceque c’est ma vocation, mais aussi la votre’.
S’engager dans la voie de la sainteté
Sainte Thérèse de l’enfant Jésus a dit : ‘la sainteté ne consiste pas dans les pratiques, mais en une disposition intérieure parceque quoique faible, nous avons confiance en la miséricorde de Dieu et en son amour de Père’. Le père Libermann lui, pense que la sainteté consiste au désir de nous donner totalement à Dieu. Ce qui veut dire que le plus grand pas vers la sainteté, c’est d’abord le désir d’être saint. Avant que la sainteté ne consiste en des actions, c’est d’abord un désir, une disposition intérieure, une volonté. As-tu le désir d’être saint ? Si tu ne l’as pas, demande-le à l’Esprit Saint : ‘Seigneur donne-moi le désir d’être un saint, une sainte’.
Cette année de la foi est en fait une année de la sainteté, recherchons et promettons la sainteté.
Henri Bayemi