Les affamés de la Parole de Dieu

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Un jour, une cousine m’a écrit en me disant : ‘s’il te plaît, je voudrais que tu m’aides dans ma vie spirituelle. Je croyais qu’il suffisait que j’aie un travail pour que je me sente en paix. Mais le vide qui est en moi ne fait que persister. J’ai besoin de Dieu,

 

j’ai besoin de ton aide’. Beaucoup de gens sont spirituellement malades, assoiffés de la vérité, affamés de la Parole de Dieu (Am 8, 11). Ils sont prisonniers du péché qui les rend esclaves. Ils ne sont pas habillés de l’armure de Dieu (Eph 6, 11). Beaucoup de personnes souffrent. Le drame est que certaines ne le reconnaissent pas. C’est comme si elles avaient une maladie qui les ronge mais elles ne s’en rendent pas compte. C’est comme si elles étaient droguées et ne peuvent plus se passer de la cocaïne. D’une part elles veulent sortir du péché, d’autre part ces mêmes péchés les attirent et les enchaînent.  Il y a encore des gens qui veulent suivre Dieu, qui veulent s’engager dans l’Eglise mais qui ne savent comment faire. Y aura-t-il quelqu’un pour les guider et les aider ? Quand nous organisons des journées des couples généralement une fois par trimestre, à la fin, les gens sont tellement heureux qu’ils voudraient que la périodicité soit mensuelle. Parce qu’ils sentent leur vie de couple rénovée. Des partenaires venus seuls regrettent que leur conjoint ne soit pas avec eux pour savourer la beauté de mettre Dieu au centre du couple.  Jésus nous dit : ‘j’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire. J’étais prisonnier et vous m’avez visité, nu et vous m’avez revêtu…venez les bénis de mon Père, recevez en partage le royaume’ (Mt 25, 31- 46). S’il est vrai qu’il s’agit des choses matérielles que nous donnons à nos frères et sœurs, il est aussi vrai que ce passage s’applique à la vie spirituelle. D’ailleurs la faim spirituelle est la plus atroce car la mort spirituelle mène à l’enfer, à la souffrance éternelle. Es-tu prêt à aider Jésus qui souffre spirituellement en ces personnes ? ‘Tout ce que vous ferez à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’aurez fait’ (Mt 25, 40). Isaïe avait entendu le message le Seigneur qui lui disait : ‘qui enverrais-je’ ? Qui donc ira pour nous’ ? Il a répondu : ‘me voici Seigneur, envoie-moi’ (Is 6, 8).

 

Avant je croyais que la tâche d’évangéliser revenait seulement aux prêtres, aux religieux ou aux catéchistes. Je voyais avec dédain tous ceux qui avaient tendance à parler de Dieu aux autres. Je me disais qu’il suffisait de bien vivre même si c’est secrètement. Mais le Pape Paul VI dans sa lettre sur l’évangélisation Evangeli nuntiendi, dit que quelle que soit la beauté du témoignage de vie (qui est indispensable), il ne suffit pas. La bonne nouvelle du Christ doit être proclamée de bouche. Beaucoup de personnes ont souvent cru qu’il suffisait de chercher une sainteté personnelle. Il est vrai que le témoignage de vie amène les autres à Dieu, mais il n’est pas suffisant. La proclamation de la bonne nouvelle est l’autre face de la monnaie d’évangélisation. Le même Pape Paul VI aussi dit que l’Eglise existe pour évangéliser. Je suis membre de l’Eglise et ma vie de foi ne peut pas se concevoir sans évangélisation. D’ailleurs le Pape Jean Paul II, dans Redemptoris missio, dit que la foi grandit quand elle se partage. Que de chrétiens aujourd’hui  souffrent d’une baisse de foi ! Pour la raviver, il faut partager le peu qui leur reste nous dit le Pape. Cela veut aussi dire que si je ne partage pas ma foi, elle devient rachitique. Nous sommes les disciples du Christ et nous devons vivre comme notre maître qui est venu donner la vie divine. Nous avons cette vie par notre Baptême qui nous fait prêtres, rois et prophètes. Un prophète au sens de l’Eglise n’est pas surtout celui qui annonce l’avenir mais celui qui parle au nom de Dieu, qui annonce la Parole de Dieu. Or, par notre Baptême nous sommes tous prophètes.

 

Il est inconcevable que nous ayons la clé du chemin du bonheur, du chemin de la vie et que nous n’ouvrions pas la porte à ceux qui ont besoin d’y entrer, que nous ne leur montrions même pas le chemin. C’est comme si un médecin découvrait le remède du Sida aujourd’hui, mais le gardait pour lui-même, tout en méditant combien excellent chercheur il est. On le traiterait de criminel parce qu’il a la réponse à la souffrance de plusieurs personnes mais il la cache. Ainsi nous avons la capacité d’aider les autres à rencontrer Dieu. On pourrait dire que nous sommes des criminels si nous ne leur montrons pas ce chemin. Beaucoup n’évangélisent pas parce qu’ils croient que la foi est une réalité privée. Le pape Benoît XVI à sa dernière visite aux Etats-Unis, a rappelé que la foi n’était pas une affaire privée : ‘nous ne naissons pas seuls, nous ne péchons pas seuls et nous ne nous sauvons pas seuls’. La foi est personnelle mais pas privée. Mes frères et sœurs  doivent bénéficier de ma foi. La plupart des chrétiens qui n’aiment pas l’évangélisation ont honte de parler de Dieu. Honte qu’on les traitera de parias ; honte qu’on les isolera ; honte qu’on les traitera de sectaires ou alors ils ont honte d’être repoussés. ‘Qui a honte de moi, j’aurai honte de lui devant mon Père’ (Mt 10, 33). Quand une personne est malade dans nos familles, nous bravons la honte et les regards des autres pour l’emmener recevoir les soins. Ce qui compte c’est sa guérison et pour cela, nous sommes capables de faire beaucoup de sacrifices. Normalement c’est la même attitude que nous devrions avoir face à l’évangélisation. Le problème c’est qu’il nous manque souvent les yeux de foi pour voir que les autres sont malades. Ces autres, même si nous ne les connaissons pas, sont nos frères et sœurs  car tout homme est mon frère et toute femme est ma sœur. Nous sommes tous frères et sœurs d’un même Père : ‘vous êtes de la famille de Dieu’ (Eph 2, 19).

 

Comment pouvons-nous négliger même nos plus proches? Pourtant, nous pouvons commencer par évangéliser les membres de nos familles, même s’ils ne nous écoutent pas : ‘qu’ils t’écoutent ou pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux’ (Ez 2, 5). La Vierge Marie, après l’Incarnation est d’abord partie rendre visite à sa cousine Elisabeth. Comment pouvons-nous cacher la bonne nouvelle à nos partenaires, à nos amis intimes, à nos connaissances ?  Comment pouvons-nous refuser de leur montrer la lumière alors qu’ils en ont besoin ? Des gens risquent se plaindre de toi   un jour en disant : ‘tu connaissais cela et tu ne m’as pas dit’ ? Et toi tu diras ‘je croyais que ça ne t’intéressait pas’. Et eux de répondre : ‘tu n’es vraiment pas mon ami, tu ne m’aimes pas sinon tu ne m’aurais pas caché un tel trésor’. Il ne s’agit pas surtout d’aller de maison en maison. Une simple façon d’évangéliser, c’est même de diriger l’autre vers là où il peut raviver sa foi. Un exemple d’un tel endroit, c’est la retraite. Voici la préparation à la grande retraite qui s’annonce. Qui ai-je invité ? A qui ai-je déjà parlé de cela ?

 

Gloire à Dieu parce qu’il y a beaucoup de personnes, en majorité des jeunes qui ont en eux un regain d’évangélisation. Depuis plusieurs années, j’ai expérimenté le zèle de l’évangélisation des jeunes dans les groupes Parole de Dieu et ailleurs. Ils ont envahi beaucoup de villes. Cet engouement à l’évangélisation des jeunes existe depuis des années.  Seulement il ne faut pas que cette flamme baisse, il faut l’entretenir. Il ne faut pas se fatiguer. Il faut même faire de nouveaux progrès dans l’évangélisation (1Th4, 1).  Mon désir est que l’Esprit Saint m’aide à toujours grandir dans l’Evangélisation quelles que soient mes tâches familiales et  professionnelles. Si nous disons aimer Jésus, il nous dit : ‘paix mes brebis’ (Jn 21, 15). Notre évangélisation, si petite soit-elle, si elle est faite selon la volonté de Dieu, fera grandir notre foi et Jésus en sera content: ‘venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume’. Préparons nous ardemment à la grande retraite.

 

Henri Bayemi