Voici Ta Mère (Jn19, 27)

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Quand j’étais enfant, mes parents m’avaient appris à prier. Parmi les prières dont je me rappelle, il y avait le signe de croix, le ‘notre Père’, le ‘gloire soit au Père’ et le ‘je vous salue Marie’.

Je récitais régulièrement ces prières, surtout l’Ave Maria. Parvenu au secondaire, à un moment mes camarades ont commencé à proférer des hérésies par rapport à la Vierge Marie; cela m’étonnait. Je ne savais quoi leur répondre. Ce qui pourtant n’enlevait en rien mon attachement à la prière du chapelet. Encore que je ne connaissais pas assez les autres formes de prière. C’est plus tard, étudiant à l’université, que j’ai réalisé la portée de toutes les critiques que les gens avaient contre la prière à Marie. Ils disaient : ‘Pourquoi répéter une même formule plusieurs fois comme les pharisiens qui rabâchaient les prières ? Nous devons prier Dieu seul. Pourquoi passer par un être humain pour aller à Dieu ? Les catholiques adorent Marie et donc ils sont des idolâtres’. Ces critiques vous ont déjà peut-être été adressées. Malheureusement beaucoup de catholiques non bien formés dans leur catéchèse, se laissent convaincre ou démoraliser par ces dires et beaucoup abandonnent la prière du chapelet. Ce qui est très déplorable car en le faisant ils négligent ainsi une grande aide qui leur a été octroyée par Jésus.

Dieu a créé l’Homme à son image et les hommes vivent en communauté. Un bébé ne peut naître et grandir seul. Il a besoin qu’on prenne soin de lui. Dieu a voulu que les hommes se soutiennent les uns les autres. Comment pouvais-tu connaître le Christ si quelqu’un ne te l’avait pas présenté, annoncé ? Comment pouvais-tu être baptisé sans ta famille, tes amis ou la communauté chrétienne ? Aujourd’hui encore, on a besoin que les autres nous partagent la Parole de Dieu, leurs témoignages ou leurs expériences. Quand le prêtre célèbre la messe, fait l’homélie, il nous aide à être en communion avec Dieu. Quand nous prions le ‘notre Père’, nous disons : ‘donne-nous aujourd’hui le pain’. ‘Donne-moi’, mais ‘donne aussi aux autres’. Les épîtres du Nouveau Testament, nous rappellent plusieurs fois de prier les uns pour les autres. Nous voyons les apôtres prier pour des gens qui sont guéris ou délivrés (Jc 5, 13-18 ; Ac 28, 8). N’avons-nous pas entendu parfois des personnes demander qu’on prie pour elles ? Comment peut-on alors dire qu’un homme ne puisse pas prier pour son semblable ? Au mariage à Cana, la Vierge Marie a demandé à son Fils Jésus d’aider cette famille en difficulté. Ce que Jésus a fait. Ce que nous accomplissons de bien sur cette terre, nous le faisons encore mieux au ciel, car saint Paul dit que l’amour ne disparaît pas (1Co 13, 8). Ceux qui sont morts en Jésus ne sont pas morts. ‘Celui qui croit en moi ne mourra jamais’ (Jn 11, 26).

Jésus est le témoin du Père. Il est l’incarnation de toutes les vertus. Ce que le Père nous demande de faire, Jésus l’a fait parfaitement. Or Dieu nous demande d’honorer nos parents. Jésus est le meilleur dans l’honneur qu’il donne à ses parents. Cet honneur pouvait-il ne pas inclure le fait qu’ils soient là où lui-même est (cf Jn 14, 1-3)? Marie et Joseph sont aujourd’hui avec leur fils Jésus. Là où la Vierge Marie est, elle continue à intercéder pour nous. L’une des plus grandes souffrances pour une mère, c’est quand son enfant l’ignore et ne la reconnaît plus comme sa mère. Nous pouvons transposer cette image pour dire que c’est terrible aujourd’hui que beaucoup de personnes, mêmes catholiques ignorent la Vierge Marie et refusent de l’honorer alors qu’il est dit que toutes les générations la diront bienheureuse (Lc 1, 48). Comment est-ce que des chrétiens peuvent-ils refuser de poser un acte que Jésus lui-même a posé ? Comment peuvent-ils refuser d’honorer Marie alors que le Christ lui-même l’honore ? Comment est-ce qu’un catholique peut-il refuser de prier la Vierge Marie ? Dans le credo nous disons que nous croyons en la ‘communion des saints’. Cela veut aussi dire que nous croyons que les saints existent, et qu’ils prient pour nous. Le Pape Benoit XVI rappelait souvent que la vie chrétienne n’est pas un super marché où on aurait un panier que l’on remplirait avec les produits de choix. C'est-à-dire j’y mets seulement ce qui m’intéresse. Je ne peux pas décider de croire à certains aspects de ma foi, d’accepter d’autres et de refuser le reste. Si je suis catholique, je dois croire en la communion des saints comme aux autres aspects de la doctrine.

L’Ave Maria est d’abord composé des versets bibliques : ‘Réjouis-toi comblée de grâce (je vous salue), le Seigneur est avec toi’ (Lc 1, 28). ‘Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni’ (Lc 1,42). La dernière partie est une supplication ‘Sainte Marie mère de Dieu prie pour nous’. Elle est mère de Dieu (Théotokos) parce qu’elle est mère de Jésus qui est Dieu. Les statues de Marie ne sont pas des idoles car nous ne les adorons pas. Elle nous la rappelle et nous aide à fixer notre regard sur Jésus. Dieu n’avait-il pas demandé à Moise de faire des statues de chérubins et de les mettre dans sa demeure (Ex 25, 18-20) ? Ne lui avait-il pas demandé de faire une statue de serpent d’airin et quiconque la regarderait serait sauvé (Nb 21, 8-9) ? La Vierge Marie ne nous détourne pas de Jésus ; au contraire elle nous aide à aller à lui : ‘faites tout ce qu’il vous dira’ (Jn 2, 5). Celui qui aime la Vierge Marie, grandira dans son amour pour Jésus. Celui qui ne prie pas Marie est comme un handicapé volontaire. Jésus à la Croix a dit : ‘Fils voici ta mère’. Jésus nous donne tout jusqu’à nous confier sa mère. Quelle grâce de pouvoir posséder un tel trésor ! Marie accomplit tant de bienfaits dans la vie des gens. Le père Hubert Shiffer, Jésuite, se trouvait avec sa communauté au milieu du champignon de la bombe atomique à Nagasaki. Il n’a pas été atteint, ni ses frères, ni même la maison dans laquelle ils habitaient. On a fait des tests sur lui pendant trente ans sans jamais trouver de séquelles. Il a attribué cette protection à la récitation régulièrement du chapelet dans cette communauté et donc à la Vierge Marie. Beaucoup de saints et hommes spirituels étaient de vrais amoureux du chapelet. Un jour quelqu’un demande à saint Padre Pio comment il faisait pour prier des douzaines de chapelets par jour et il a répondu : ‘comme tu fais pour ne pas en faire’.

Moi-même j’ai déjà expérimenté fortement l’intervention de l’intercession de Marie dans ma vie et je ne suis pas satisfait quand je passe une journée sans faire le chapelet. Quand j’ai des demandes insistantes, j’y associe la Vierge Marie. J’aime aussi souvent faire le chapelet en marchant ou en voyageant. A certains moments où c’est difficile de méditer, je dis juste des Ave Maria sans me soucier du nombre ou des mystères. Dans tous les cas, je demeure ainsi dans les bras de maman Marie. Parfois je termine le reste des dizaines sur mon lit juste au moment de m’endormir. Cela ne me dérange pas que je m’endorme avant d’avoir terminé de méditer tous les mystères car je me serais endormi dans les bras de Marie. Quelle protection ! Dans Gaudete et Exsultate le Pape François a dit : ‘la Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : ‘Je vous salue Marie’’. La prière à Marie aide dans les tentations. Elle aide à lutter contre les esprits du mal. Elle nous rapproche de Dieu. Je suis témoin du fait que tant de jeunes aujourd’hui redécouvrent la prière du chapelet. Prenez l’habitude de dire le chapelet ne serait-ce que quelques dizaines. Jésus lui-même a répété des prières (Mt 26, 44) et ce n’est pas mauvais de réciter une prière avec dévotion. Marie est la mère de tous. Elle est l’icône du Mouvement de l’Incarnation. Pendant ce mois prions le chapelet, au moins quelques Ave Maria chaque jour, à l’église, en allant à l’école, au travail, au champ, dans sa boutique ou pendant ses travaux ménagers.

Henri Bayemi