Réussir sa vie, c'est être saint

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Jésus est venu nous donner la vie. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn10, 10). Cette vie donnée est la sainteté car Dieu est saint. S’il nous donne sa vie, il nous transmet sa sainteté. Notre bonheur dépend de notre capacité à nous sanctifier. Plus je suis saint, plus je suis heureux. Si je suis saint, j’aurais réussi ma vie. Si je ne suis pas saint, j’ai raté ma vie. Si je ne m’engage pas dans la voie de la sainteté, j’aurai de graves difficultés et serai malheureux même si je suis nanti. Le vrai bonheur dépend de ma sainteté. C’est insupportable pour un père de constater que son enfant le renie et de l’entendre lui dire : « Je ne te connais pas, tu n’es pas mon père ». Ainsi quand nous refusons l’engagement à la sainteté, nous renions Dieu en tant que notre Père. Que de chrétiens réfutent la sainteté pour plusieurs raisons.

Certains disent : « Moi, je veux seulement aller au ciel. Je ne veux pas être saint ». Ils ignorent que seuls les saints vont au ciel. Seuls les saints voient Dieu. « Les cœurs purs verront Dieu » (Mt5, 8). D'autres visent uniquement le purgatoire. Pourtant le purgatoire, c’est le chemin des saints. En général, ceux qui sont engagés dans la voie de la sainteté passent par le purgatoire. Et même, un élève dont le but est d’avoir une note moyenne, aura difficilement son examen alors que si son objectif est d’atteindre l’excellence, il peut espérer être admis. Si je veux voir Dieu je dois viser la sainteté.

D'autres disent : « Je ne suis ni prêtre, ni religieuse, ni catéchiste et vous me demandez d’être saint ? » L’appel à la sainteté est lancé à tous, clercs et laïcs. Le Concile Vatican II a insisté sur l’appel universel à la sainteté. Beaucoup de laïcs ont déjà été canonisés. Au début de l’Eglise on appelait les chrétiens « saints ». (1Co 6, 11 ; Ac 9, 13 ; Eph 5, 3).

D'autres pensent : « Moi je ne suis pas Européen ; Jésus était blanc et les saints sont d’autres races ». Le paradis n’est pas que pour certaines couleurs de peau. « Après cela, je vis : c’était une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes les nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 9). Les saints sont aussi de ta tribu, de ta langue, de ton pays. Saint augustin était un africain ; Sainte Anwarite du Congo Démocratique ; Saint Charles Lwanga un Ougandais. Le Pape François dans l’exhortation apostolique Christus vivit cite des jeunes saints de tous les continents. Demain toi aussi tu peux devenir le saint de ton pays, de ta tribu. Toi aussi tu peux aspirer à la sainteté.

Pour d’autres, ce n’est qu’un petit nombre qui est choisi pour être des saints. En citant la Bible, ils interprètent faussement les 144 000 élus, oubliant que ce chiffre est symbolique, composé du chiffre 12, représentatif chez les Juifs. (12) comme symbole de la communauté, (12) tribus d’Israël, 12 apôtres ; communauté parfaite. L’Eglise, communion de tous les chrétiens. Comme le dit le père Casterman, (12x12) de la même façon qu’on dit : « très très bon » ; (x1000) : la multitude, de même qu’on dit « milles mercis »). C’est ce qui donne 144 000. Jésus dit : « Dans la maison de mon père, il y a beaucoup de place. Je m’en vais vous préparer une place » (Jn14, 2-3). Toi aussi, tu as une place au ciel, une place pour être saint.

D'autres pensent : « J’ai trop de péchés. Jésus aurait raison de ne pas me pardonner totalement. Je ne peux pas être saint ». Pourtant, Jésus dit qu’il est venu pour les pécheurs, les malades. Si je suis pécheur, alors, Jésus est venu pour moi. Il fait manifester dans le pécheur la gloire de Dieu. Il y a de très grands pécheurs qui se sont convertis et sont devenus de très grands saints à l’instar : Saint Mathieu qui était un collecteur d’impôts ; Sainte Marie Madeleine qui était une prostituée ; Saint Augustin était un impur ; Saint Charles de Foucault était un coureur de jupons ; Saint Paul était un meurtrier ; Pierre a renié Jésus. Tous se sont converties et sont devenues des saints. Le saint curé d’Ars dit : « Tous les saints n’ont pas bien commencé, mais ils ont bien terminé ». Alors toi aussi, malgré ton péché, tu es appelé à la sainteté.

D'autres aussi disent : « Je suis très faible. Je ne peux être saint ». Il est vrai que par notre seule force nous ne pouvons pas être saints. « Tu es saint et toute sainteté vient de toi Seigneur ». C’est Dieu qui sanctifie. Et rien n’est impossible à Dieu. Jésus a changé de l’eau en vin, il a ressuscité les morts. Dieu peut transformer le faible que je suis en un saint.

Un certain nombre pensent qu’il faut d’abord faire des actes extraordinaires pour être saints. Quand on lit la vie de certains saints et des miracles qu’ils opéraient, il serait facile de croire qu’on ne pourrait jamais y arriver et par là, réfuter le désir de la sainteté. Saint Vincent de Paul a dit : « La sainteté ne consiste pas en des extases ». C'est-à-dire en des prières extraordinaires. La Vierge Marie n’a pas posé d’actes miraculeux à première vue. Je peux être saint en vivant une vie simple et normale, quoique d’une manière héroïque. Dans Gaudete Exsultate, le Pape François parle de la classe moyenne de la sainteté.

Parfois des chrétiens disent aussi : « Je suis dans un monde pourri ; si j’étais ermite, seul, loin du monde, je pourrais facilement être saint ». C’est justement dans la société qu’il faut se sanctifier. Être lumière dans le monde, levain dans la pâte. Saint Josémaria Escriva l’a enseigné avec force. Jésus ne s’est pas contenté d’être le Saint. Il est venu dans le monde pour le sauver.

Parfois on ne parle pas beaucoup de la sainteté dans les différentes catéchèses. Les chrétiens n’ont pas toujours été éduqués à comprendre que toutes les pratiques ecclésiales aident à la sainteté. Souvent la sainteté disparaît même du langage des chrétiens qui se moquent les uns des autres : « Tu veux dire que toi tu es saint ? Dans votre groupe, vous croyez être des saints. » Il faut redécouvrir ce terme et l’utiliser pour nous encourager les uns les autres à grandir dans la sainteté.

Ainsi, beaucoup s’activent à l’église et ne désirent pourtant pas d’être des saints. Mais avant que la sainteté ne se transforme en action, elle est d’abord un désir, une disposition intérieure. Le père Libermann a dit : « La sainteté consiste au désir de nous donner totalement à Dieu ». Seigneur augmente en moi le désir d’être saint. As-tu le désir d’être saint ? Si tu ne l’as pas, demande à Dieu de te le donner. Si tu as ce désir, c’est un signe que tu es déjà sur le bon chemin. Demande-lui de l’augmenter encore. Décidons de grandir dans la sainteté.

Henri Bayemi