Avant d’aller à la grande retraite de Bamenda 2013, je me sentais un peu déconnectée du Seigneur. Alors, je me suis dit : « il faut restaurer cette connexion avec lui à tout prix, il faut qu’à mon retour, je puisse dire comme Marie de Magdala, ‘j’ai vu le Seigneur’ ».
J’ai même décidé, malgré le temps qui me prenait à la gorge, de prendre part à la préretraite. Je me suis dit «ça fera sûrement plaisir à Jésus et il se laissera voir». Vraiment j’étais vide de lui. Sa présence brûlante dans ma vie me manquait. J’ai beaucoup aimé la préretraite de la deuxième retraite, c’était d’ailleurs la première fois que j’y prenais part. Le zèle des pré-retraitants m’encourageait à multiplier mes actes d’amour. Mais jusque-là, je ne me sentais toujours pas bien de l’intérieur. Je ne ressentais pas le feu de l’amour de Jésus brûler en moi comme je l’avais souvent ressenti avant. Tout était mécanique.
La retraite proprement dite m’a retrouvée dans cet état d’esprit. Le premier enseignement, ne m’a pas du tout touché, ce qui m’a beaucoup inquiété et m’a davantage attristée. J’étais d’autant plus attristée que papa Henri a dit, parlant de l’écoute de Dieu que lorsqu’on écoute bien le Seigneur, non de façon distraite, nous serons nécessairement touchés et transformés par sa parole, qu’il est inadmissible qu’une personne après une retraite comme celle-ci dise qu’elle n’a pas été touchée. Alors là, alarmée, j’ai commencé à dire à Jésus « Seigneur, me voici devenue insensible à ta parole. Membre actif de mon état, quand on me demandera dans les partages ce qui m’a touché, je dirai tiédeur ».
Tout a commencé à aller mieux après le 2ème enseignement. Mon cœur a commencé à se renouveler. Maman Judith disait dans l’enseignement au sujet du désordre de notre vie que « nous n’avons pas beaucoup de joie et nous connaissons beaucoup de souffrances à cause du chaos et du désordre que nous avons amené dans nos vies ». Elle disait que notre vie peut se voir troublée par de petites choses que nous négligeons. Que ces petits aspects peuvent être les pièces maîtresses de notre épanouissement dans la vie. Pour illustrer cela, elle a pris l’exemple d’un avion qui avait eu un crash et plus tard on avait découvert que cet accident était dû à la mauvaise fixation d’un boulon. Ceci m’a profondément touché ; alors j’ai commencé à revisiter tous les petits aspects désagréables de ma vie que je négligeais. J’ai compris que durant ces dernières années, derniers temps, je m’étais attaquée aux gros péchés de ma vie, notamment ceux liés à l’impureté et j’avais négligé les autres (trop de bavardage, la moquerie par exemple ; ce qui dans bien des cas m’empêchait même parfois de vivre certains exercices de la fiche et me faisait culpabiliser en fin de journée).
A partir de ce moment, j’ai commencé à vivre de moments intenses avec Jésus. C’était comme si j’avais diagnostiqué mon mal et trouvais peu à peu le médicament adéquat. J’avais donc compris la source de ces bouleversements dans ma vie spirituelle et partant de ma vie courante étaient liés au fait que je n’écoutais pas suffisamment le Seigneur. J’ai compris que je devais écouter Dieu même dans ma situation d’échec, cesser de me plaindre et de m’attrister. Chaque fois que j’avais failli à une résolution prise, au lieu d’écouter le Seigneur qui m’accordait son pardon, même après une confession, je m’attristais et me concentrais plutôt sur mon échec.
Cette retraite m’a également permis de redécouvrir l’amour de Dieu pour moi. Plus que jamais j’ai compris que Jésus était un véritable ami, mon ami intime, celui-là à qui je dois tout dire, celui à qui je dois parler avec mon cœur sans m’embarrasser de style, de la qualité de mon langage. Que quand je prie, je ne devrais pas chercher à agencer de belles paroles dans ma tête. Je dois également être sincère dans ma prière. Si j’ai mal, le lui dire et non le contraire. Depuis mon retour de cette retraite, chaque jour j’expérimente cela et ça me permet de rester connectée à Jésus. Mes prières intimes sont plus longues et je me sens plus concentrée. Je ne réfléchis plus à ce que je veux dire à Jésus, je ne choisis plus mes mots pour impressionner quand je prie. Quel que soit ce que j’éprouve comme sentiment, je ne les lui cache plus.
Ce n’est pas tout ! J’ai particulièrement aimé l’organisation cette année. Ceci m’a aidée à rester dans le silence, même interne et à mieux méditer. Les témoignages étaient poignants. Ils m’ont redonné la force de continuer de lutter contre le péché, l’impureté. J’ai également vécu un moment d’adoration intense. La confession que j’ai faite m’a beaucoup libérée.
Bref, je suis rentrée de là avec un cœur tout neuf; je suis rentrée de là pleine de joie car moi aussi « j’ai vu le Seigneur » !
Michèle Kouam (Cameroun)