J’ai 38 ans, je suis mère de quatre enfants, institutrice de profession. La perte de mon mari a été un des événements les plus douloureux de mon existence. Élevée dans une famille pour qui la messe du dimanche était obligatoire, c’est naturellement qu’après mon mariage j’ai continué à y aller, me faisant accompagnée par mon mari qui me suivait sans rechigner.
Seulement sans que cela ne s’explique nous avons tous les deux arrêté d’y aller, y faisant des brèves apparitions lors des grandes fêtes comme Noël ou Pâques. Les notions telles que l’écoute de la Parole de Dieu, la lecture de la Bible étaient devenues des notions complètement ignorées de moi. Ma bible était devenue une décoration pour mon classeur, et quand j’oubliais de faire du ménage de ce côté là, elle était couverte de poussière. N’ayant plus aucune référence spirituelle, je menais ma vie à ma guise ; n’ayant de compte de conscience à ne rendre à personne.
C’est alors que la liste noire commença. Mon beau-frère fut noyé dans un cours d’eau. Sa mort qu’on se précipita de trouver mystique nous introduit dans le monde des marabouts. Avant l’enterrement qui avait lieu le lendemain, nous avions déjà eu le temps de consulter tous les grands marabouts du village. Ils étaient tous unanimes ; « il n’est pas mort ; on l’a enchaîné, si vous ne réagissez pas comme des hommes valables, vous allez le perdre. ». Nous n’avons pas hésité à sortir des sommes vertigineuses, mais à notre grand désespoir le mort est resté inerte jusqu'à son inhumation. Un an après cet évènement, les deux pieds de mon mari ont commencé à prendre du volume. L’idée d’aller consulter un médecin ne nous a pas un instant habité ; il est évident qu’il fallait courir chez un marabout. « Tu as traversé un remède qui ne t’était pas destiné sinon tu serais déjà mort, on t’a lancé le ‘son’ », etc. Il a fallu déverser à cet endroit 100.000 francs et une grosse chèvre pour le blindage. Ce traitement ne changea rien. Nous allions de guérisseur en guérisseur ; et mon mari allait de moins en moins bien. Partout on essayait de nous convaincre que ce n’était pas un cas qui pouvait se résoudre à l’hôpital. Pourtant, la fois où l’on s’est enfin décidé de l’emmener à l’hôpital, après les examens, on a découvert qu’il avait un cancer. Nous avons continué à faire venir discrètement les marabouts à l’hôpital. Et défaisant le pansement fait par les infirmières ils recommençaient le leur à leur manière. Nous ne pouvions pas imaginer une issue sans l’apport sans pareil des marabouts. Ils profitaient de notre moral déjà largement atteint pour nous ruiner. Mais que n’aurions-nous pas donner pour que mon mari survive ? Entre temps on l’a évacué à l’hôpital la Quintinie de Douala au Cameroun. Son cancer s’était généralisé. Les médecins n’ont pas jugé utile de l’interner. Il se rendait à l’hôpital pour des soins. Cette vie au quartier a créé un désordre plus grand avec la consultation des marabouts qui venaient le voir ; parfois il y en avait deux par jour ; et des fois où ils ne se gênaient même pas se chamailler entre eux chacun estimant être le plus fort. C’est dans ces conditions déplorables et combien amères que mon mari mourut.
Je me sentais trompée, humiliée, bafouée, pillée, ruinée par les marabouts. Jusqu’au bout mon espoir n’avait reposé qu’en eux. J’avais été certaine de leur pouvoir à sauver mon mari. L’argent dépensé à l’hôpital n’atteignait pas le quart de ce que je leur avais donné. Je me retrouvais criblée de dettes. Redoutant le regard de mes créanciers. Je sentis une bouffée de haine m’envahir pour les marabouts ; Je les jugeais responsables de ma déchéance. Ma mère essayant de me convaincre d’aller encore consulter un nouveau marabout qu’elle connaissait et dont les louanges étaient chantées partout ; je m’y opposais violemment. Elle se résolut à y aller seule persuadée que je perdais « ma chance ». Plus tard elle m’avoua avoir été escroquée par lui. Quant à moi, je ne savais plus quoi faire de ma vie ; m’étant éloignée de mon Dieu depuis belle lurette, je ne savais plus comment m’adresser à Lui surtout après toutes les gaffes de ma vie. Pourtant je me suis mise à lire des ouvrages spirituels comme « La Puissance de la Louange » qui ont revigoré mon intérêt spirituel. Invitée à une retraite Parole de Dieu, j’ai été bouleversée par les chants qui semblaient traduire mon âme et la révélée. Le chant « Convertis-toi, il n’est pas tard » a été comme un déclic en moi. J’ai décidé de grandir dans ma relation avec Dieu, et d’aider les autres à aller à sa rencontre. Les sacrements sont devenus une source de grande consolation pour moi. J’ai été guérie de ma haine des marabouts ; aujourd’hui, je prie pour eux ; afin qu’eux aussi soient illuminés par la Lumière de jésus. Quelques soient les tempêtes de ma vie, je sais aujourd’hui que tout dépend de Dieu, et que c’est Lui le Seul Tout Puissant.