Il y a un risque chez les chrétiens : celui de se satisfaire de sa vie spirituelle et des activités que l’on mène. C’est une erreur fondamentale car Saint Paul parle de la vie spirituelle comme d’une course. Il dit courir de manière à remporter le prix (1Co 9, 24-27; 2Tm 4, 6-8). Est-ce que ces derniers temps je considère ma vie spirituelle comme cette course perpétuelle? Ne suis-je pas fatigué par les activités spirituelles? Il ne suffit pas de démarrer une voiture de course de ‘Formule 1’ et de la mettre en grande vitesse. Il faut atteindre la ligne d’arrivée en temps voulu. Saisissons cette occasion qui nous est offerte en cette nouvelle année pour examiner notre vie spirituelle: suis-je en train de progresser dans mon amour pour Jésus? Mon amour pour lui est-il stable? Ou a-t-il faibli? Rappelons-nous la parole célèbre de Saint Jean de la Croix qui a dit: « dans la vie spirituelle, il n’y a pas de stabilité. Celui qui ne progresse pas recule ».
Certains chrétiens soutiennent l’idée selon laquelle ce sont les autres qui peuvent exclusivement juger de leur croissance spirituelle. C’est vrai que les autres personnes peuvent nous aider à confirmer l’état de notre vie avec Dieu. Mais n’oublions pas que quand nous sommes physiquement malades, nous sommes souvent les premiers à le sentir, à le savoir, à le réaliser. Parfois la maladie est même cachée à l’intérieur de notre corps et les autres ne savent pas que nous avons mal et souffrons. C’est quand nous l’exprimons qu’ils s’y intéressent. Généralement, c’est quand une maladie est grave que les autres la constatent. C’est ce qui se passe aussi souvent pour notre vie spirituelle. S’il est vrai que la communauté peut confirmer l’état de ma vie spirituelle, moi-même je devrais constater les changements ou les évolutions majeures qui se passent en moi. C’est ce à quoi sert l’examen de conscience. Suis-je en train de grandir dans mon amour pour Jésus? Est-ce que je prie mieux? Est-ce que je fais plus attention à ce que Jésus me dit? Est-ce que je l’écoute plus? Est-ce que je mets en pratique les paroles de Jésus et lui fais plaisir plus qu’avant ? Est-ce que j’évite mieux la tentation, le péché, le vice ? Est-ce que j’aime et pardonne plus? Est-ce que j’aide mieux les autres à rencontrer Jésus ?
Nous sommes les enfants de Dieu et devons lui ressembler. Or ‘Jésus’, nous dit l’évangile de Saint Luc ‘grandissait en âge et en sagesse’. Moi aussi je dois grandir en tant que chrétien et être un autre Christ. Voilà le projet de vie que Dieu a pour nous. « Dieu nous a choisis avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard, dans l’amour, il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ » (Ep1, 4). Voilà la vraie croissance spirituelle qui nous est demandée dans notre vie et spécialement en cette année de la miséricorde, et plus précisément pendant le temps de carême qui commence ce mois. Que l’Esprit Saint puisse nous aider à mieux ressembler à Jésus pendant le carême.
Henri Bayemi