Paternités et Maternités Spirituelles

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Dieu est Père

Un jour les Apôtres demandent à Jésus de leur apprendre à prier. Jésus leur dit de prier ainsi : ‘Notre Père’. Dans l’Ancien Testament, Dieu est beaucoup plus reconnu comme créateur, justicier, puissant et vaillant des combats, Dieu des armées. Jésus qui est la révélation parfaite nous apprend que Dieu est Père : ‘voyant vos bonnes œuvres qu’ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux’ (Mt 7,11 ; Mt 12,50 ; Mt 14,26). Dans la parabole de l’Enfant Prodigue, le visage de Dieu comme Père est encore plus clair : il aime miséricordieusement ses enfants (cf Lc 15, 11-32). Dieu est notre Père, c’est lui qui nous a créés et nous sommes ses enfants. ‘Fils vous l’êtes bien : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie Abba ; Père. Tu n’es donc plus esclave mais Fils’ (Gal 4, 6).

La grâce de la paternité de Dieu

Jésus nous dit de n’appeler personne ‘père’ (Mt 23, 9). Il veut ainsi que personne ne se sente orgueilleux, supérieur aux hommes et ne se prenne comme Dieu donateur de vie à l’exemple des empereurs romains qui étaient divinisés. Mais Jésus ne rejette pas la paternité physique ni la paternité spirituelle comme participation à la paternité de Dieu. Comme Dieu est notre Père, il nous donne la capacité d’être aussi pères et mères pour les autres. ‘Je fléchis le genou en présence du Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom’ (Eph 3, 14-15). Dans l’Ancien Testament, Elisée appelle Elie ‘Père’ (2R2, 11-14). Saint Paul se considérait aussi père des communautés qu’il a fondées et des personnes à qui il a annoncé l’Evangile : ‘vous n’avez pas plusieurs pères. C’est moi qui par l’Evangile, vous ai engendrés en Jésus Christ. Je vous exhorte donc, soyez mes imitateurs’ (1Co4, 15-16) ; ‘mes petits enfants que, dans la douleur, j’enfante à nouveau, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous’ (Gal 4, 19). Voir 1Th2, 11 ; 1Tm1, 2 et Philémon verset 10. Si nous appelons les prêtres ‘pères’ c’est qu’ils nous enfantent et nous encadrent dans la vie du Christ. Dans l’histoire de l’Eglise, des personnes sont appelées ‘pères’ et ‘mères’ spirituels pour leur accompagnement spirituel procuré aux chrétiens. N’avons-nous pas aussi des personnes que nous avons parrainées pour des sacrements? N’avons-nous pas des gens qui ont connu le Christ ou sont revenus à l’Eglise à cause de nous ? N’avons-nous pas des personnes que nous avons évangélisées ou que nous encadrons spirituellement ? Nous avons aussi la responsabilité spirituelle envers nos enfants de chair. Nous partageons ainsi la paternité de Dieu et coopérons à son action de salut de l’humanité. Ainsi nous sommes membres du corps du Christ et responsables de la vie spirituelle d’autres personnes. Nous sommes même responsables des groupes, des communautés dans les paroisses, branches et services du Mouvement de l’Incarnation. Nous sommes des mères et des pères pour une multitude de personnes.

Méconnaissance et négligence de la paternité ou de la maternité spirituelle

L’exemple de la maternité et de la paternité physique peut nous aider à comprendre quelques aspects de la responsabilité spirituelle. Dans la société, il y a des parents qui ont eu des enfants qu’ils ont ensuite abandonnés. Je connais une femme mariée qui était pourtant très engagée à l’église. Elle a rencontré un autre homme avec qui elle s’est mariée, abandonnant ainsi ses enfants. Cet abandon est encore plus courant pour les pères qui refusent de s’occuper des enfants. Ainsi, beaucoup sont devenus des enfants de la rue, des bandits et des prostituées. L’irresponsabilité de certains parents les pousse aussi à ne donner que le minimum aux enfants, les laissant ainsi dans une grande soif matérielle et affective.

Ne pouvons-nous pas aussi nous reconnaître irresponsables spirituellement au moins à certains moments de notre vie ? Prions-nous régulièrement pour nos enfants spirituels ? Leur donnons-nous assez de nourriture spirituelle et à temps ? Ne les abandonnons-nous pas souvent à eux-mêmes ? ‘Quel est donc ce serviteur fidèle et avisé que le Maître a établi sur les gens de sa maison pour leur donner de la nourriture à temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera en train de faire de travail’ (Mt 24, 45-46). Souvent, nous sommes tellement centrés sur notre propre vie que nous oublions nos enfants spirituels, faisant même parfois une certaine compétition avec eux. Pourtant, une bonne mère nourrit souvent ses enfants à ses dépens. Elle se soucie d’abord du bonheur de ses enfants. L’une de ses plus grandes préoccupations, c’est ce que ses enfants vont avoir comme nourriture ; c’est leur bonheur. Saint Paul avait un grand souci des communautés qu’il avait fondées et les villes qu’il avait évangélisées, d’où les nombreuses lettres qu’il leur adresse. Nous sommes des pères et des mères pour les autres. Ils ont besoin de nous. Ils attendent beaucoup de nous.

Le devoir de la maternité et de la paternité spirituelles

Nous sommes des pères et des mères parce que Dieu nous demande de l’être et nous voulons lui obéir et lui faire plaisir. Heureusement, c’est une tâche qui s’accompagne de promesses de récompenses. Dieu nous dit que nous serons heureux en nous donnant aux autres car il y a beaucoup plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Act 20, 35). Le Pape Jean Paul II nous dit que la foi grandit quand elle se partage. Si nous nous occupons à faire grandir la foi des autres, la nôtre grandira aussi. Alors, quand notre foi faibli, ne pouvons-nous pas dire que c’est aussi parce que nous avons baissé dans le souci de nos enfants spirituels ? Enfin, quand nous nous occupons des enfants de Dieu, nous rendons notre père joyeux car il ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion (Ez 33,11). Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (2Tm 1,4).

Une mère qui allaite ne pourra pas bien nourrir son bébé, celui-ci ne pourra pas bien grandir si la maman elle-même n’est pas bien nourrie. Elle manquera de lait. Alors nous ne pouvons pas bien encadrer nos enfants spirituels si notre relation avec Jésus est faible. Si elle diminue. Si nous blessons plutôt Jésus. En fait nous risquons même de leur communiquer le mal qui gît en nous et de ralentir leur croissance en Dieu si notre relation avec Jésus ne grandit pas. Il est cliniquement prouvé qu’une maman malade peut contaminer l’enfant. Notre exemple, notre vie intérieure se communiquent parfois à nos enfants spirituels, en bien ou en mal, que nous le sachions ou pas. Alors, nous devons chercher des moyens pour nous nourrir et grandir spirituellement. Ceci demande des efforts, de la recherche, de la formation permanente. Surtout ceci demande beaucoup de sacrifices pour toujours et partout mettre la Parole de Dieu en pratique afin que Jésus lui vivant en nous transmette sa vie à ses enfants. En cette année Epiphanique, aidons Jésus à ramener les brebis perdues de l’Eglise et du Mouvement.

Henri Bayemi