Tout chrétien devrait être un homme, une femme de prière. Quel que soit le groupe paroissial, mouvement ou la congrégation dans laquelle nous sommes, quelle que soit notre position dans l’église, nous avons tous le devoir de prier. Tous les saints ont été des hommes et des femmes de prière. Jésus lui-même, fils de Dieu prenait des nuits entières pour s’isoler et parler à son père. Si le monde est ce qu’il est de négatif aujourd’hui, c’est parce qu’il manque beaucoup de vrais hommes et de vraies femmes de prière. Ici nous ne voulons pas parler de ceux qui disent certaines prières, mais des personnes donc toute la vie est prière. Malheureusement, beaucoup de chrétiens ne se sentent pas très concernés par ce sujet. Pour eux, la prière n’a plus de grande valeur. Il suffit d’être actif. Certains prétendent que leur travail est une prière. D’autres disent qu’ils ne savent pas prier alors à quoi bon ? D’autres aussi disent que la prière n’est pas rentable pour eux : ils prient et ne reçoivent pas ce qu’ils demandent. Alors ils abandonnent la prière. Il y a aussi ceux qui objectent que la prière est une fuite des réalités du monde. Enfin, il y a ceux qui prétendent manquer de temps. Ils peuvent trouver du temps pour tout sauf pour Dieu, sauf pour prier. Ainsi, on ressemble à un enfant à qui nous donnons un morceau de pain. Et quand nous lui demandons de nous en donner un petit bout, il refuse, oubliant qu’il a reçu ce bout de pain gratuitement de nous. Dieu est maître du temps et maître de nos vies. Pourtant nous lui refusons souvent un peu de notre temps.
Nul ne peut prétendre servir Dieu et ne pas mener une vie de prière. Imaginez-vous un instant, vous avez un enfant à la maison. Le matin il se lève et fait ses devoirs domestiques mais il ne vous adresse pas la parole. Comment allez-vous vous sentir ? C’est la même chose que nous faisons souvent avec Dieu. Nous sommes engagés dans beaucoup d’activités : parfois même des activités religieuses. Dès le matin, Ah ! Il faut que j’aille à l’école, il faut étudier, il faut faire des achats, il faut que je rende visite à tel, et même le soir aller à la chorale etc. Mais as-tu parlé à ton père du ciel ? Lui as-tu soumis ce programme ? As-tu écouté ce qu’il t’en a dit ? Parfois, nous faisons de tas de choses croyant faire plaisir à Dieu. Mais en fait nous ne lui faisons pas plaisir. Parfois nous allons lui puiser de l’eau à boire tandis qu’il veut plutôt que nous nettoyions sa maison. Nous n’écoutons pas et nous nous heurtons à beaucoup d’échecs et de déceptions dans nos vies. Le drame de l’Eglise aujourd’hui, c’est que beaucoup de chrétiens ne prient plus assez. Il y a trop d’activisme. Même les jeunes ne prient plus assez alors que Jésus chérit tant la prière des jeunes et des enfants. Heureusement il y en a qui luttent pour vivre leur vocation. Je connais beaucoup de jeunes qui sont des défis pour moi en matière de prière et en même temps ils sont brillants à l’école.
Indira Gandhi disait que ‘l’on peut jeûner pour le corps, mais, on ne le peut pas pour l’âme’. Si on le fait, l'âme s’affaiblit. ‘Hors de moi, vous ne pouvez rien faire’ (Jn 15, 5). On ne peut pas se passer de la prière et mener une vie chrétienne normale car on se dessèche. Personnellement, quand je ne prie pas, je suis comme malade. J’étouffe et je cherche Dieu comme ‘une biche cherche l’eau vive’ (Ps 42,2). Dieu nous a créés pour communier, converser avec lui (Concile Vatican II). Celui qui ne prie donc pas n’est même pas un vrai être humain. Il est semblable à un animal car celui-ci ne fait même pas le signe de croix avant de s’endormir.
Par ailleurs, d’autres personnes peuvent se croire maîtres en matière de prière. Elles peuvent se dire : « Cela fait longtemps que je prie. J’ai déjà lu des dizaines de livres, écouté des dizaines de sermons sur la prière ». Avec de telles pensées, on n’est plus ouvert à grandir dans la prière. Nous prions pour connaître Dieu et l’aimer. Or, nous aurons toujours à faire des progrès. « A présent, notre connaissance est limitée » (1Co 13,12). Ce qui nous interpelle tous à faire toujours de nouveau progrès dans la prière, à être prêts à toujours faire ne serait-ce qu’une petite chose nouvelle pour grandir dans la prière ou recommencer une meilleure vie de prière. J’ai rencontré Dieu de façon particulière quand j’avais 20 ans, il m’a fallu des années pour apprendre à prier et je n’en suis pas encore un maître. Pour apprendre à prier, il faut être à la bonne école. Beaucoup de chrétiens ont des livres de prières qu’ils lisent et prient tout au long de la journée. C’est très bon, mais ce n’est pas assez. Saint Paul nous dit que quand nous sommes petits, nous nous nourrissons de lait, mais une fois grands, de la nourriture solide. Quand un enfant apprend à parler, on lui fait répéter des mots et par la suite, on le laisse lui-même dire ce qu’il pense. C’est ainsi la prière. Peut-être, nous sommes-nous servis de prières écrites au début, maintenant nous devons aussi (en plus) formuler nous-mêmes nos prières. Dire ce que nous pensons. Sinon, nous risquons de faire une simple lecture ou répéter des mots sans prier vraiment. Si nous apprenons à parler avec Dieu cœur à cœur, il nous sera alors très bénéfique de dire le chapelet et de faire d’autres prières vocales ou communautaires.
La deuxième fausse idée sur la prière, c’est de croire que prier veut dire demander. C’est pour cette raison que plusieurs ne prient que lorsqu’ils ont des problèmes. Ils font tant de promesses à Dieu. Mais le problème résolu, ils l’oublient et le négligent. Ils oublient même ce qu’ils lui avaient promis de faire. C’est vrai que Jésus nous dit de demander afin que nous recevions mais la prière ne se résume pas à la demande. Faisons dont beaucoup plus d’efforts pour creuser du temps dans notre emploi du temps chargé afin de grandir dans la prière. Les grandes retraites sont un moment de prière intense. Participons à ces retraites afin de grandir dans notre communion avec Dieu.
Henri Bayemi