Une fois une de mes cousines m’a dit : ‘s’il te plaît, je voudrais que tu m’aides dans ma vie spirituelle. Je croyais qu’il suffisait que j’aie un travail pour que je me sente en paix. Mais le vide qui est en moi ne fait que persister. J’ai besoin de Dieu, j’ai besoin de ton aide’. Beaucoup de gens sont spirituellement malades. Ils sont affamés de la Parole de Dieu (cf. Am 8, 11). Beaucoup de personnes souffrent. Le drame est que certaines ne le reconnaissent pas. C’est comme si elles avaient une maladie qui les ronge mais elles ne s’en rendent pas compte. Elles ressentent seulement comme conséquence, un manque de bonheur profond. D'autres encore savent que leur vie est un désastre, mais elles ne savent comment s’en sortir. Il y a encore des gens qui veulent suivre Dieu, qui veulent s’engager dans l’Eglise mais qui ne savent comment faire. Y aura-t-il quelqu'un pour les guider, pour les aider ?
Es-tu prêt à aider Jésus qui souffre spirituellement en ces personnes ? ‘Tout ce que vous ferez à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’aurez fait’ (Mt 25, 40). Isaïe avait entendu le message du Seigneur qui lui disait : ‘qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous’ ? Il a répondu : ‘me voici Seigneur, envoie-moi’ (Is 6, 8).
Avant je croyais que la tâche d’évangéliser revenait seulement aux prêtres, aux religieux ou aux catéchistes. Je voyais avec dédain tous ceux qui avaient tendance à parler de Dieu aux autres. Je me disais qu’il suffisait de bien vivre ma vie même si c’est secrètement. Mais le Pape Paul VI dans sa lettre sur l’évangélisation Evangelii nuntiandi, dit que quelle que soit la beauté du témoignage de vie (qui est indispensable), il ne suffit pas. La bonne nouvelle du Christ doit être proclamée de bouche. Beaucoup de personnes ont souvent cru qu’il suffisait de chercher une sainteté personnelle. Il est vrai que le témoignage de vie amène les autres à Dieu, mais il n’est pas suffisant. La proclamation de la bonne nouvelle est l’autre face de la monnaie d’évangélisation. Le Saint Pape Paul VI dit aussi que l’Eglise existe pour évangéliser. Je suis membre de l’Eglise et ma vie de foi ne peut pas se concevoir sans évangélisation. D’ailleurs le Pape Jean Paul II, dans Redemptoris missio, dit que la foi grandit quand elle se partage. Que de chrétiens aujourd’hui souffrent d’une baisse de foi ! Pour la raviver, il faut partager le peu qui nous reste nous dit le Pape. Cela veut aussi dire que si je ne la partage pas, elle devient rachitique. Nous sommes les disciples du Christ et devons vivre comme notre maître qui est venu donner la vie divine. Nous avons cette vie par notre Baptême qui nous fait prêtres, prophètes et rois. Un prophète au sens de l’Eglise n’est pas surtout celui qui annonce l’avenir mais celui qui parle au nom de Dieu, qui annonce la Parole de Dieu.
Il est inconcevable que nous ayons la clé du chemin du bonheur, et que nous n’ouvrions pas la porte à ceux qui ont besoin d’y entrer, que nous ne leur montrions même pas le chemin. Ainsi nous avons la capacité d’aider les autres à rencontrer Dieu. Le pape Benoît XVI a rappelé que la foi n’était pas une affaire privée : ‘nous ne naissons pas seuls, nous ne péchons pas seuls et nous ne nous sauvons pas seuls’. Mes frères et sœurs doivent bénéficier de ma foi. La plupart des chrétiens qui n’aiment pas l’évangélisation ont honte de parler de Dieu. Honte qu’on les traite de parias ; honte qu’on les isole; honte qu’on les traite de sectaire ou alors ils ont honte d’être repoussés. ‘Qui a honte de moi, j’aurai honte de lui devant mon Père’ (Mt 10, 33).
Comment cela se peut-il alors que nous négligions d’aider même nos plus proches à connaître Dieu ? Nous pouvons commencer par évangéliser les membres de nos familles, même s’ils ne nous écoutent pas : ‘qu’ils t’écoutent ou pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux’ (Ez 2, 5). Si tu aimes vraiment quelqu'un, montre lui la voie du Christ, conduis-le au Christ. Je me rappelle ma première sortie d’évangélisation dans une autre ville il y a 35 ans. Nous ne connaissions pas grand-chose dans la vie spirituelle. Nous avons beaucoup chanté et partager nos témoignages aux élèves. Parmi ces élèves, il y a aujourd'hui des prêtres et des sœurs. Gloire à Dieu parce qu’il y a beaucoup de personnes, en majorité des jeunes qui ont en eux un regain d’évangélisation. Depuis plusieurs années, j’ai expérimenté le zèle de l’évangélisation des jeunes dans les groupes Parole de Dieu. Si nous disons aimer Jésus, il nous adresse cette parole : ‘pais mes brebis’ (Jn 21, 15). Notre évangélisation, si petite soit-elle, si elle est faite selon la volonté de Dieu, fera grandir notre foi et Jésus en sera content : ‘venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume’. A la fin des grandes retraites Parole de Dieu où le Seigneur Jésus nous a comblés de grâces, il ne faut pas que nous négligions le partage de la Parole de Dieu, afin que autres goûtent du bonheur de connaître le Christ.
Henri Bayemi