La discipline dans la vie spirituelle

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Un jour au réveil, dans ma prière, je m’étais rendu compte de ma stagnation spirituelle ou tout au moins je réalisais n’avoir pas beaucoup grandi dans mon amour pour Jésus les jours qui précédaient. Dans mon examen de conscience, j’ai réalisé que c’était par manque d’une discipline spirituelle.

La discipline est nécessaire dans la vie. Elle est pratiquée à l’école, au sport, dans l’armée, la nutrition, l’hygiène etc. Il est difficile dans la vie normale, d’avoir une bonne réussite sans discipline. Parfois le succès est prévu selon que la discipline est stricte ou pas. Dans l’Eglise, le code du droit canonique est un exemple de discipline. Les commandements de Dieu sont une discipline. Ce n’est pas parce qu’on parle d’amour qui est supérieur à la loi que cela veut dire qu’on doive se comporter sans tenir compte de la volonté de Dieu. Ce n’est pas parce que dans un couple il y a de l’amour que l’un des partenaires ferait du n’importe quoi. D'ailleurs, aimer l’autre veut même dire réglementer son comportement par amour pour lui. « Ne sois pas si assuré du pardon que tu entasses péché sur péché. Ne dis pas : "Sa miséricorde est grande, il me pardonnera la multitude de mes péchés !" car il y a chez lui pitié et colère et son courroux s'abat sur les pécheurs » (Si 5, 5-6). L’amour implique donc de la discipline et celle-ci fait durer l’amour. Plus j’aime Dieu, plus je serai discipliné dans ma relation avec lui.

Saint Paul parle de la discipline des athlètes, mais pour une couronne périssable : nous, pour une meilleure couronne. « Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable » (1Co 9, 24-25). Dans la lettre aux Hébreux : l’auteur parle de la discipline des parents pour leurs enfants, qui plus tard, en sont reconnaissants. Il ne faut donc pas imaginer une bonne vie spirituelle sans discipline. C’est-à-dire : Prier seulement quand l’on en a envie, quand cela est plaisant ; Poser des actes d’amour par hasard ou par motion subite ; Aller à la messe quand cela arrange ; Se confesser seulement quand on a l’impression d’avoir commis un péché mortel ; Aller à l’adoration du Saint Sacrement quand on a du temps ; Lire la Bible quand on n’est pas fatigué ; Aller au à la réunion hebdomadaire à la paroisse quand cela arrange. Ce serait une vie spirituelle manquant de discipline. Et beaucoup, après une bonne conversion, sont tombés dans ce piège du manque de discipline et patinent comme dans de la boue.

Regardons la vie dans l’Eglise : Il y a des années spéciales : années saintes, années jubilaires, année de la miséricorde etc. Les évêques établissent des programmes pastoraux. Les moines ont des heures fixes de prière, de travail et d’étude. Le laïc doit aussi se poser des questions sur sa discipline. Quelle est mon heure de prière personnelle journalière ? Combien de temps est-ce que je compte passer dans ma conversation intime avec Jésus par jour ? Comment est-ce que je planifie faire (mettre en pratique) ce que me dit Jésus dans sa Parole (exercice) ? Quand et combien de fois dois-je me confesser par mois ? Quand est-ce que je fais les autres prières (Chapelet, Angélus, Adoration) ? Quel est le programme de mes activités communautaires ? Quand est-ce que je dois faire telle ou telle autre activité de ma vie séculière ? Sans cette discipline spirituelle, différente de celle des moines, mais propre aux laïcs, beaucoup vont zigzaguer, s’affaiblir, sombrer dans la paresse ou la négligence et chuter. Ou alors, ils vont vivre une sécheresse spirituelle interminable.

C’est pourquoi il faut adopter une discipline personnelle. Généralement nos corps réfutent la discipline. Nous n’aimons pas la contrainte. Pourtant il n’y a pas de vraie liberté sans discipline, à l’exemple du code de la route qui restreint la vitesse mais qui pourtant est nécessaire à la bonne conduite automobile. La discipline suppose des règles à respecter, donc de l’effort et cela répugne. Jésus a dit : « celui qui veut me suivre qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». La discipline est une croix. Il s’agit par exemple de : Se réveiller le matin pour prier, à une heure précise, ne pas aller n’importe où et ne pas faire du n’importe quoi.

Souvent la discipline est imposée de l’extérieur et la sanction ou l’échec fait peur. La difficulté dans la discipline spirituelle personnelle, c’est que personne ne te force, ne te sanctionne, ni ne te surveille vraiment. Pourtant il faut s’imposer des limites à soi-même et tenir à ces limites. Parfois, très vite on triche, on relâche et le reste s’en suit, on baisse dans l’amour pour Jésus. Il y a des gens qui ont tendance à penser : « Moi je n’aime pas qu’on me force à faire ceci, ou alors qu’on me surveille ». C’est la route vers l’échec spirituel. Celui qui agit sans discipline est un paresseux et manque de courage. Il faut savoir se décider et tenir, ou même accepter de soumettre sa discipline à quelqu'un (un aîné spirituel) qui peut être comme un guetteur. Dieu aurait pu, étant tout puissant, créer le monde en un instant, mais il a voulu une discipline, chaque jour créant quelque chose et même le 7e jour, il s’est reposé. Si nous pouvions tout faire pour être disciplinés dans notre vie spirituelle, surtout en ce temps de confinement, nous avancerions à grands pas dans notre amour pour Jésus ; nous serions vraiment sur le chemin de la sainteté.

Henri Bayemi