La vie humaine est jonchée de moments de doute et de peur. Les chrétiens sont aussi souvent confrontés à la peur spirituelle et physique : telle que la peur de ce que Jésus peut leur demander de faire ; peur d’abandonner des choses ou des personnes auxquelles ils s’accrochent mais qui éloignent de Dieu. N’a-t-il pas dit : « Si ton œil t’amène à pécher perce-le ? » ; la peur que Jésus ne réponde pas à leurs prières ; la peur de l’appel de Jésus, de sa vocation. Mais on expérimente aussi de la peur de la mort, surtout en cette période où la pandémie sème la débandade dans tous les pays, où l’on ne sait qui sera le prochain à succomber à la maladie. Ce qui pousse plusieurs à faire de la magie pour ‘se blinder’ afin être épargnés. Le comble c’est que ceux qui prétendent protéger de la mort ne sont pas immortels. Plusieurs ont peur des soi-disant sorciers, redoutant leur village ou ville d’origine ou n’empruntant plus certains axes routiers parce que dit-on, fréquentés par des sorciers. Ils ont ainsi peur de la sorcellerie et vivent des nuits blanches.
Je me rappelle une période de mon enfance où la peur me tourmentait. Quand je suivais un avis de décès ou quand j’assistais à un deuil, j’avais peur des fantômes, de la possibilité de rencontrer la personne morte dans un coin obscure. C’est quand j’ai réalisé que Dieu me protégeait que cette peur s’est évanouie. « Car si le Seigneur ne garde la ville, en vain les veilleurs ne veillent » (Ps 127 (126)) ; « Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche de nuit, ni le fléau qui dévaste à midi. Qu'il en tombe mille à tes côtés et dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d'atteinte ». (Ps 91, 5-7). Nous avons souvent peur des agressions et du vol. Nous avons peur du futur : « Que me réserve-t-il, le bonheur ou le malheur ? Qui vais-je épouser » ? Il y en a qui ont peur des résultats scolaires à cause de leur mauvais travail. Certains redoutent le chômage ou le licenciement, la réponse à la demande du visa de séjour dans un pays étranger. Beaucoup de parents ont peur du devenir de leurs enfants ou même de perdre leur conjoint.
La peur remplie donc souvent nos vies. Malheureusement, à cause de cette peur, il arrive que nous tombions dans le péché. Ponce Pilate était responsable, gouverneur, chargé de juger Jésus. Les accusations portées contre Jésus, ne menaient pas à la mort, selon la loi romaine. Mais Pilate a eu peur de perdre sa place. La foule avait menacé que s’il ne leur livrait pas Jésus, ils allaient l’accuser chez César, parce qu’il laissait quelqu'un d’autre se déclarer roi. « Il savait bien que c'était par jalousie qu'on l'avait livré. Or, tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : " Ne te mêle point de l'affaire de ce juste ; car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe à cause de lui » (Mt27, 19). Mais à cause de la peur, il a livré Jésus à la mort. Par la peur, les apôtres ont fui et renié Jésus.
La peur appauvrit ceux qui vont chez les marabouts parce qu’ils y dépensent des sommes énormes. Les gens cherchent des protections et des malheurs leur arrivent toujours. Il faut faire des efforts pour éviter d’être victime de vol, prendre des précautions de protection de ses biens et maîtriser les malfaiteurs si possible. Du point de vue hygiène, il faut respecter les mesures d’hygiène et de confinement. Mais la peur en elle-même mène à l’inquiétude. On est fragilisé. On risque souffrir d’insomnies, de cauchemars, de maux de tête et d’autres maladies psychosomatiques.
Dans la bible, à ceux qui avaient peur une parole de consolation leur était dite : « N’ayez pas peur ! ». L’ange dit à Marie : « Sois sans crainte, tu as trouvé grâce aux yeux du Seigneur ! » (Lc1, 30). A Joseph il dit : « Joseph, fils de David ne crains pas » (Mt1, 20). Jésus à ses disciples et à Pierre dans beaucoup de circonstances dit: «N’ayez pas peur ! ». Jésus ne favorise pas la paresse et la négligence. Mais la peur décourage et paralyse. Dans la peur on manque de courage et d’espérance. Or l’espérance est une vertu théologale. Avoir peur ne change pas la situation en soi. « Qui d'entre vous d'ailleurs peut, en s'inquiétant, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie ?... Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine ». En ces moments difficiles, remettons-nous à Jésus, offrons-lui nos souffrances et celles des autres, ayons confiance en lui.
Henri Bayemi