Ne pas être découragé de ses faiblesses
Le remord est un état de regret des fautes commises. Il peut nous aider à corriger un comportement. Pourtant il faut éviter d’aller jusqu’à une culpabilité extrême. S’il est vrai qu’il y a des gens qui ne pensent jamais avoir tort, il y en a par contre qui se croient la cause de tout le mal autour d’eux. Ils se culpabilisent pour très peu. Certains se voient très pécheurs, indignes de l’amour de Dieu, de son amitié, de l’appel, de la responsabilité qui leur est confiée etc. Pareillement, même si dans certains cas il peut y avoir un élan d’humilité dans leur comportement, souvent, cette situation va à l’extrême. Nous avons un exemple en la personne de Judas : il s’est culpabilisé d’avoir vendu Jésus, il a rendu l’argent qu’on lui avait donné pour sa trahison et s’est pendu.
Il est possible qu’en cette période de carême, nous nous sentions limités, pleins de faiblesses, couverts de péchés. Nous pouvons nous sentir coupables du manque de fidélité ou d’irrégularité à notre amitié avec Jésus, par la négligence de la prière personnelle, la paresse à faire plaisir à Jésus, l’infidélité aux résolutions prises, le manque de zèle à l’évangélisation, le manque d’entrain aux activités spirituelles. Les faiblesses que nous avons souvent eues et les faux pas risquent de peser sur nous et tendre à nous décourager. Quels que soient notre infidélité et notre état lamentables, ne nous décourageons pas. Le découragement est l’œuvre du démon. Il faut ignorer les suggestions qui tendent à décourager, du genre : « laisse tomber, tu n’y pourras rien, tu n’y arriveras pas, tu te connais toi-même ; tu ne tiendras pas, personne ne peut vraiment vivre ce qui est demandé, tu t’es trop engagé, penses un peu à toi ». Ne pas se laisser prendre à ce piège. Dieu fait miséricorde. Personnellement, dans ma vie spirituelle, c’est l’un des aspects qui m’ont souvent le plus rempli de joie. Quand je me sens faiblir, infidèle, et que j’ai tendance à me décourager, je me rappelle et réalise la miséricorde de Dieu et sur l’instant j’ai plein de joie au cœur et je me sens revigoré.
Dieu est toujours prêt à recommencer avec nous
Dieu est comme le père de l’enfant prodigue (Lc 15). Le père accueille avec effusion son enfant repentant et culpabilisant. Pour le père l’essentiel était le retour de son enfant. Il ne le condamne pas. « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Dieu est miséricordieux ; c’est nous qui nous refusons souvent d’accueillir sa miséricorde, parce que nous-mêmes avons de la peine à pardonner, nous avons tendance à projeter notre image sur Dieu. Avec Dieu, nous apprenons à vivre de commencement en commencement. Être toujours prêt à recommencer avec Dieu est une caractéristique de maturité spirituelle. On ne se plaît pas à rester couché. On se relève après la chute.
Chaque carême est une main tendue pour nous aider à recommencer avec Dieu. Comme Jésus nous demande de pardonner 70 x 7 fois, c’est à dire sans fin, Dieu lui-même est le premier à nous pardonner ainsi. Il nous aime comme nous sommes, même si les autres n’arrivent pas à nous aimer ou à nous comprendre, Lui Il nous aime et nous accueille tels que nous nous présentons sincèrement à Lui. Il est prêt à recommencer avec chacun de nous, chaque fois, toujours. Pourtant Il ne veut pas que nous demeurions dans une paresse et un laxisme. Il dit à la femme adultère : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus » (Jn 8, 11). Dieu voudrait que ce carême soit pour toi, pour moi, une occasion de faire de nouveaux progrès. « Redoublez d’efforts pour confirmer l’appel que vous avez reçu » (2P1, 10). Dieu nous donne une occasion de revenir calmement à notre vocation si nous l’avions négligée. Recommencer une phase nouvelle, recommencer à l’aimer et à parler avec Lui, à Lui faire plaisir. Le carême est encore une occasion de mettre de l’ordre dans notre vie : dans notre emploi de temps, nos relations, nos priorités et nos engagements. Brisons tous les obstacles car Dieu nous attend à bras ouverts.
Henri Bayemi